COP26 à Glasgow, novembre 2021
COP26 à Glasgow, novembre 2021 - Crédit : Friends of the Earth International
Climat-Énergie
3 novembre 2021

COP26 : on fait le point

La COP26 se tient cette année à Glasgow en Écosse. Alors que les scientifiques alertent sur la nécessité d’agir rapidement pour maintenir la barre du réchauffement climatique en dessous de 1,5°, cet événement sera-t-il enfin synonyme d’actions de la part des États ou énièmes promesses sans réels engagements ?

La Cop 26 est terminée, résumé express d’un fiasco annoncé :

Le 13 novembre, à l’issue de la 26ème Cop, nous avons publié un décryptage, que vous pouvez retrouver ici. Cette énième Cop, marquée par la mise à l’écart des communautés les plus impactées et l’omniprésence des lobbies, accouche une fois de plus d’engagements sans ambition et sans contraintes qui repoussent l’action climatique aux calendes grecques. Greta Thunberg a dénoncé une COP26 du greenwashing ; on ne peut que lui donner raison tant les fausses solutions se sont imposées au détriment des pays du Sud. Une avancée est toutefois à noter : la sortie des énergies fossiles finit par s’imposer dans l’agenda politique, même si les mesures prises en la matière restent au stade embryonnaire. Sur ce sujet, la France multiplie les engagements mais ne passe pas aux actes. Durant la Cop, elle a rejoint deux initiatives : la Beyond Oil and Gas Alliance d’une part, vouée à mettre fin à l’octroi de licences pour l’exploitation et la production d’hydrocarbures et la déclaration internationale via laquelle 27 pays et institutions se sont engagés à cesser de soutenir les énergies fossiles fin 2022. Ces engagements, même s’ils vont dans le bon sens, sont en réalité peu opérants puisque la première mesure est déjà mise en œuvre en France depuis 2017, quand la seconde risque déjà de subir de nombreuses exceptions.
Au final, tout comme pour les autres pays riches, la présence de la France à cette Cop a été signe d’indifférence et d’échec pour l’action climatique. Si cela n’est plus surprenant après 26 Cop, il n’en reste que cette inaction est effrayante tant ses impacts sont déjà dévastateurs.

Après 30 années de Cop durant lesquelles les émissions mondiales ont explosé, force est de constater qu’elles ne permettent pas d’entraîner les changements systémiques nécessaires pour enrayer le dérèglement climatique. L’Accord de Paris sur le climat n’est toujours pas respecté par les États, qui sans réglementation contraignante, préfèrent continuer le business as usual. Tour d’horizon des problématiques et pièges qui font que cette Cop26, tout comme les précédentes, n’est pas sur la bonne voie pour la justice climatique et la justice sociale.

Une participation inégale des pays : symbole de l’injustice climatique 

Les Amis de la Terre International sont présents à Glasgow à l’occasion de la COP26, avec une délégation d’expert·es et d’activistes. Beaucoup de représentant·es de pays d’Afrique, d’Asie – Pacifique et d’Amérique latine ne peuvent malheureusement pas participer à cette COP26 en raison de l’accès limité aux vaccins, des visas et du coût de l’hébergement.

Le Royaume -Uni est en train de produire la COP la plus discriminatoire qui ait jamais existé, en avançant dans la réalisation du sommet alors que l’épidémie de Covid-19 continue de faire des ravages dans les pays du Sud qui ne peuvent pas assister aux négociations. Il est difficile de croire que les conclusions de cette COP26 puissent être considérées comme justes et légitimes alors que les principales victimes des effets du dérèglement climatique n’ont pas la possibilité de faire entendre leurs voix.

En termes d’empreinte carbone, les 10% des personnes les plus riches de la planète émettent la moitié des émissions mondiales. Les pays pauvres sont  les plus touchés aujourd’hui par le changement climatique, alors qu’ils en sont le moins responsables. Nous dénonçons fermement le manque de solidarité et de moyens financiers de la part des États riches pour soutenir les pays pauvres à réduire leurs émissions et à s’adapter au changement climatique.

Zéro Émission Nette : de quoi parle-t-on ?

C’est LE mot à la mode cette année à la Cop. Il est dans toutes les bouches des dirigeant·es mondiaux·ales. « Zéro émission nette », c’est l’idée que les émissions de gaz à effet de serre peuvent être compensées par des suppressions d’émissions. Cela permet aux multinationales de continuer à polluer tranquillement tout en mettant en place de fausses solutions pour le climat. Il s’agit d’un écran de fumée : les pollueurs orientent et verdissent leurs discours et ont ainsi trouvé une échappatoire à l’Accord de Paris.

Pour en savoir plus, découvrez les cinq raisons de rejeter l’idée du « zéro émissions nettes »

Les Solutions basées sur la nature : fausses bonnes idées ?

Les Amis de la Terre International lancent un rapport qui révèle les dangers et les inexactitudes des soi-disant ‘Solutions basées sur la nature’, une stratégie de diversion défendue par les grandes entreprises et la présidence britannique de la COP26.

Les militant·es pour le climat soulignent que les ‘Solutions basées sur la nature’ et les vagues promesses d’émissions ‘net zero’ détournent dangereusement l’attention de ce que les pays riches doivent réaliser pour que l’augmentation de la température puisse rester en-deçà de la limite convenue de 1,5ºC.

Ces stratégies de compensation carbone restent des concepts peu transparents et très larges, fondés sur le néocolonialisme du carbone et de la nature et sur le ‘greenwashing’ des multinationales. Elles instrumentalisent la nature en tant que « solution », dans le but de compenser ce que les multinationales détruisent et n’offrent aucune certitude que la nature et les écosystèmes ne seront plus détériorés.

Pour aller plus loin, découvrez le rapport des Amis de la Terre International  “Le concept de solutions basées sur la nature : un loup déguisé en agneau”

Et la France dans tout cela ?

Alors qu’Emmanuel Macron aime à faire la leçon aux dirigeants mondiaux et à se présenter comme champion du climat, la France n’est toujours pas à la hauteur de l’enjeu climatique. La réussite des négociations internationales dépend de ce que chaque pays décide de faire. Or, 6 ans après la signature de l’Accord de Paris, la France, pays hôte de la COP21, n’applique toujours pas une politique globale efficace pour atteindre une réduction des émissions des GES compatible avec le respect de l’Accord de Paris.

Emmanuel Macron tente de faire croire le contraire en multipliant les discours verdissants. Pourtant, ses actes sont loin d’être cohérents avec ses paroles. Durant son mandat, l’État français a été condamné à 2 reprises pour inaction climatique (Grande Synthe / Affaire du Siècle). La justice est très claire, l’Etat doit AGIR pour le climat, rapidement et concrètement sous peine d’une nouvelle condamnation. Les promesses faites aux citoyen·nes de la Convention Citoyenne pour le Climat ont été bafouées, laissant une loi climat vidées des mesures les plus impactantes pour le climat.

Comme nous l’avons récemment démontré dans une enquête publiée avec Survie et l’Observatoire des Multinationales, Emmanuel Macron et son gouvernement soutiennent activement les mégaprojets pétroliers de Total en Ouganda et Tanzanie. Ces projets nommés Eacop et Tilenga bafouent les droits humains et portent atteinte à l’environnement et au climat.

Le gouvernement Macron, c’est aussi un soutien sans failles aux secteurs les plus polluants : finance privée, e-commerce, agrochimie, hydrocarbures… y compris quand il s’agit de financer, avec de l’argent public, des projets climaticides. Durant la Cop 26, la France a d’ailleurs refusé de se joindre à 26 pays et institutions qui se sont engagés à stopper leurs soutiens publics aux énergies fossiles. Encore une fois, la France se situe du mauvais côté de l’Histoire.

Bref, Emmanuel Macron s’emploie à saboter toute politique en faveur du climat, protégeant ainsi les intérêts des multinationales.

A ce titre, la présence de Jeff Bezos, invité à prendre la parole à la tribune de la Cop 26 le même jour qu’Emmanuel Macron est un symbole de tout ce qui dysfonctionne dans le processus qui nous mène  vers le désastre climatique et social.

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