FinanceForêt
1 décembre 2015

Planter des arbres pour polluer tranquille ?

Ce qui se cache (vraiment) derrière la compensation carbone.

C’est quoi la compensation carbone ?

Chaque individu, ou entreprise, émet du carbone (sous forme de dioxyde de carbone, CO2) à travers ses activités ou ses déplacements. Or, c’est l’augmentation de la concentration de ce gaz à effet de serre dans l’atmosphère qui est en train de provoquer un changement climatique majeur. Les promoteurs de la compensation carbone prétendent qu’il serait possible de « neutraliser » les émissions de carbone d’une entreprise en finançant un projet de réduction des émissions équivalent dans un autre pays, par exemple en plantant des arbres.

L’urgence n’est pas de regarder pousser des arbres mais de fermer le robinet à pétrole.

Les scientifiques estiment que pour limiter l’augmentation des températures à 2°C, seuil du point de non-retour de la crise climatique, il est nécessaire de laisser dans le sol plus de trois quart des réserves prouvées en combustibles fossiles (pétrole, gaz et charbon).

De la compensation carbone aux marchés du carbone

La compensation carbone peut s’effectuer via deux marchés: le marché obligatoire et le marché volontaire. Le marché obligatoire est mis en place par des Etats, par exemple dans le cadre du protocole de Kyoto. Le marché volontaire, lui, ne relève d’aucune obligation. Mais alors quel est l’intérêt des entreprises ? En finançant des projets de compensation carbone de façon volontaire, les entreprises espèrent éviter une législation plus contraignante et, si elles n’y arrivent pas, elles peuvent demander à ce que ces efforts soient reconnus officiellement. C’est le cas du projet de « puits de carbone » de Peugeot au Brésil qui a d’abord été un projet de recherche scientifique puis un projet de compensation carbone volontaire et maintenant un projet qui génère officiellement des crédits carbone utilisables par une entreprise pour éviter d’avoir à réduire ses émissions.

Non à REDD !

Le mécanisme REDD (Réduction des Emissions liées à la Déforestation et à la Dégradation des Forêts) est une initiative lancée en 2008 dans le cadre des négociations internationales sur le climat. Assez rapidement, il est apparu que le but de cette initiative n’était pas tant de ralentir la déforestation, en s’attaquant aux causes profondes du problème, que de générer une grande quantité de « crédits carbone », à bas prix, pour les entreprises et les pays riches. De nombreuses études scientifiques ont montréqu’il était impossible de générer de façon fiable des « crédits carbone REDD » ce qui a conduit l’Europe a adopté un moratoire jusque 2020.

Pour autant, les promoteurs d’une intégration de REDD dans le marché du carbone n’ont pas abandonné la partie. La stratégie adoptée est celle du fait-accompli : court-circuiter les négociations sur le climat avec des processus parallèles, mobiliser les institutions et les financements publics pour créer les conditions favorables à l’intégration de REDD dans le marché du carbone et multiplier les projets pilotes.