Communiqué : La greffe ne prend plus entre les nouvelles lignes à grande vitesse et un réseau ferré vieillissant
COMMUNIQUÉ - JEUDI 7 DÉCEMBRE 2017 La nouvelle panne de la gare Montparnasse, qui a paralysé le trafic ferroviaire vers le Grand Ouest le 3 décembre, fait suite à la grande panne de l’été et laisse entrevoir de nouveaux incidents à venir. Début juillet, deux nouvelles lignes à grande vitesse (Sud Europe Atlantique et Bretagne Pays de la Loire) ont été branchées sur le réseau ferroviaire français, qui accuse déjà des « retards d'investissement » accumulés depuis 20 ans (rapport de la Cour des Comptes de 2010). Dans ces conditions, faut-il être surpris par ces pannes ? La sécurité risque-t-elle aussi d’être compromise ?
Plutôt que d’utiliser la SNCF comme fusible quand une grande panne survient, le gouvernement devrait s’interroger sur les pressions mises sur le système ferroviaire français par le monde politique. Ce dernier commande toujours plus de lignes nouvelles, alors même que le reste du réseau, qui répond au besoin du plus grand nombre, est vieillissant et que les capacités de financement de SNCF Réseau sont paralysées par une dette colossale de 45 milliards d’euros.
La défaillance d’un poste d’aiguillage ancien, sur lequel on a tenté de greffer une signalisation moderne pour les nouvelles lignes, n’est pas réellement surprenante. Avant de lancer de nouvelles infrastructures, l’objectif doit être de faire fonctionner correctement et en sécurité celles qui existent en les utilisant au mieux de leurs capacités. Les décisions ne peuvent plus résulter des pressions d’élus politiques en mal de TGV ou de reconnaissance.
Il est devenu irréaliste de poursuivre le développement du réseau de LGV sans auparavant moderniser le réseau existant. Nous demandons donc au gouvernement et aux élus locaux le gel des nouveaux projets ferroviaires et une politique d’une extrême ambition quant à la régénération et la sécurisation du réseau ferré existant, dont dépendent quotidiennement la majorité des usagers.
Lancer le grand projet Lyon-Turin serait aujourd’hui une erreur politique et une faute économique. Greffer une nouvelle infrastructure sur le réseau actuel vieillissant, débouchant sur le noeud ferroviaire lyonnais, aggraverait sans doute une situation déjà très fragile. Des perturbations importantes de la circulation ferroviaire autour de Lyon seraient inéluctables.
Nous demandons au gouvernement :
• De faire une pause de longue durée sur la création de nouvelles lignes ferroviaires.
• D’engager tous les moyens financiers, techniques et humains en priorité pour la régénération et la
modernisation du réseau ferroviaire existant.
• D’apurer la situation actuelle en reprenant de la dette historique du ferroviaire.
Concernant le fret ferroviaire à travers les Alpes, les infrastructures et solutions existent dès à présent, avec une ligne existante entièrement rénovée en 2012, mais utilisée à 20 % de ses capacités et un potentiel de transport maritime méditerranéen sous-exploité.