Action le 14 mai 2025 à l'AG de Crédit Agricole - © Basile Barjon pour les Amis de la Terre
Action le 14 mai 2025 à l'AG de Crédit Agricole - © Basile Barjon pour les Amis de la Terre
Climat-Énergie
14 mai 2025

Crimes au Mozambique : Crédit Agricole ciblé par une action

Ce matin, des activistes des Amis de la Terre et d’Action Justice Climat Paris ont mené une action coup de poing à l’AG de Crédit Agricole qui se tenait à Paris. L’objectif était clair : dévoiler au grand jour le mutisme de la banque, alors que de graves violations des droits humains entourent le projet gazier de Total au Mozambique.

Lancer l’alerte pour mettre fin au silence

Ce matin, les passant·es de la rue Saint-Victor, dans le 5e arrondissement de Paris, ont vu la Maison de la Mutualité sous un jour particulier. Abritant l’Assemblée générale annuelle de Crédit Agricole, la Maison de la Mutualité a vu sa façade vêtue d’une grande banderole inscrivant « Crimes au Mozambique : Crédit Agricole, serez-vous complices ? ».

Pour accompagner la banderole, des pancartes « Dites non au chaos total » et « Crimes au Mozambique, silence complice » étaient également brandies par les activistes pour dénoncer le silence coupable de la banque, qui s’obstine à rester engagée dans ce projet recouvrant une réalité dramatique sur le terrain.

Une représentante des Amis de la Terre France était également présente à l’intérieur de la Maison de la Mutualité, pour interroger de vive voix la direction de Crédit Agricole sur sa position vis-à-vis du projet Mozambique LNG porté par Total. Le Conseil d’administration de la banque n’a pas apporté de réponse claire à nos interrogations et a au contraire botté en touche, en indiquant souhaiter reporter à plus tard sa décision de maintenir ou non son financement au projet, et en se soustrayant à sa responsabilité face à notre question sur un possible soutien de Crédit Agricole à l’ouverture d’une enquête indépendante sur la responsabilité de Total dans les crimes présumés dont il est question.

Un projet lié à une série de crimes présumés

Hormis ses impacts climatiques désastreux – s’il voyait le jour, le projet contribuerait à produire entre 3,3 et 4,5 milliards de tonnes d’équivalent CO2 au cours de son cycle de vie, c’est plus que les émissions de gaz à effet de serre annuelles de l’ensemble des 27 pays de l’Union européenne –, Mozambique LNG est lié à des allégations de crimes atroces contre des civil·es.

En effet, d’après des enquêtes publiées dans Politico1, Le Monde2 et SourceMaterial3, des exactions présumées auraient été commises durant l’été 2021, sur le site de Mozambique LNG, par des forces de sécurité rémunérées par Total et affirmant être en charge de la protection de ses installations gazières. D’après Le Monde, Total savait dès 2021 que ces soldats étaient accusés d’avoir torturé, séquestré et tué des civils, mais le géant du pétrole et du gaz a continué de les rémunérer. Aux côtés d’une coalition d’ONG internationales, les Amis de la Terre France appellent Crédit Agricole à soutenir de toute urgence l’ouverture d’une enquête internationale indépendante.

Par ailleurs, suite à une plainte pénale déposée par des survivant·es et des familles de victimes de l’attaque de Palma – ville voisine de Mozambique LNG – survenue en mars 2021, une information judiciaire a été ouverte en France. La multinationale est notamment accusée d’avoir refusé de fournir du carburant aux hélicoptères de la société de sécurité qui tentait de sauver des vies lors de ce massacre qui a fait plus de 1 400 victimes4. C’est une étape décisive : un juge est chargé d’enquêter, et pourrait décider de mettre en examen Total ou certains de ses collaborateurs.

Emmanuel Macron dans l’ombre de la relance du projet

Impatient de remettre d’actualité Mozambique LNG qui est en suspens depuis 4 ans, Patrick Pouyanné, le PDG de Total, s’active depuis des mois pour garantir la relance du projet, qu’il annonce désormais pour mi-20255.

Alors que Mozambique LNG a obtenu le soutien de la part du gouvernement italien d’extrême droite de Georgia Meloni6 et une généreuse bénédiction de $4,7 milliards de dollars de la part des États-Unis de Donald Trump, Emmanuel Macron a récemment apporté publiquement son soutien aux activités extractives de Total dans le canal du Mozambique. Une énième courte échelle présidentielle aux projets d’expansion de Total aux quatre coins du monde.

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Mozambique LNG : Macron au chevet de Total à Mayotte

Toutefois, pour concrétiser la relance, Total a besoin de confirmer l’accord de ses financeurs, et notamment des deux banques françaises Crédit Agricole et Société Générale, qui ont toutes les deux participé au financement du projet en 2020.

Lorette Philippot

« Ces mois-ci sont cruciaux pour déterminer l’avenir de ce projet destructeur tant pour le climat que pour les droits humains. Crédit Agricole a aujourd’hui le pouvoir de se mettre du bon côté de l’Histoire et en renonçant à financer Mozambique LNG. »

Lorette Philippot
Chargée de campagne finance privée aux Amis de la Terre France

Une pression continue jusqu’à l’arrêt du projet

Les Amis de la Terre France appellent Crédit Agricole et les autres soutiens financiers de ce projet hautement controversé à s’en retirer urgemment et définitivement. À l’heure où le consensus scientifique est clair sur le fait qu’aucun nouveau champ pétrolier ou gazier ne doit être exploité, il est temps que les banques refusent enfin de soutenir les bombes climatiques développées par Total. Les droits humains ne peuvent pas être la variable d’ajustement de la politique « business-as-usual » menée par le géant français du pétrole et du gaz !

Vos dons sont indispensables pour nous permettre de poursuivre le combat. Quel que soit le montant de votre contribution, nous vous en remercions sincèrement.