Thématique

Surproduction

Changement climatique, exploitation des travailleurs, pollution des écosystèmes : les produits que nous produisons et consommons coûtent cher à la planète et ses habitants.

Contexte

L’augmentation continue de la production pour casser les prix, maintenir des emplois et acheter la paix sociale tout en continuant de creuser les inégalités, menace chaque jour davantage les conditions de vie sur terre. Si nous ne changeons pas rapidement de modèle économique, les émissions mondiales continueront d’augmenter, et des zones entières du monde pourraient devenir inhabitables, ce qui entraînerait la migration de plusieurs centaines de millions de réfugiés climatiques et probablement des conflits armés.

Problèmes

La surproduction aggrave le changement climatique

La fabrication et le transport des produits textiles et électroniques représentent près du quart des émissions de gaz à effet de serre des français. L’industrie textile, à elle seule, est le quatrième émetteur mondial de gaz à effet de serre mondial. En France 39 vêtements et 12,5 produits électroniques par habitant sont vendus chaque année. Il n’y a pas de réincorporation de matières recyclées dans les vêtements ou les produits électroniques.

La surproduction repose sur l’exploitation des ouvriers dans les pays du sud

L’industrie du vêtement est une de celle où les ouvriers sont le plus mal payés au monde – 1$ par jour au Pakistan. Les conditions de travail dans les mines qui approvisionnent l’industrie électronique en métaux rares sont cauchemardesques et violent tous les traités internationaux sur les droits humains. 40 000 enfants travailleraient dans les mines en République Démocratique du Congo.

La situation empire, notamment avec le développement du e-commerce

Alors que la production augmente alors qu’elle devrait baisser, le développement agressif du e-commerce et des géants comme Amazon aggrave encore la situation. Le dumping sur les prix et la livraison ultra-rapide par avion stimule la surproduction, et le e-commerce détruit plus de 2 fois plus d’emplois qu’il n’en crée. La situation sociale dans la grande distribution se tend avec un nombre croissant de licenciements et la nécessité de réduire progressivement les ventes de produits neufs et encore plus inaudible.

Solutions

La réduction des ventes de produits neufs : l’unique moyen de respecter l’accord de Paris

Pour maintenir le réchauffement climatique à 1,5°C et éviter l’emballement climatique, d’ici 2030, il faut réduire par 10 les mises en marché de produits textiles et environ par 3 celles des produits électronique.  Le Gouvernement et la majorité refusent d’admettre que la réduction des ventes de produits neufs est nécessaire pour atteindre nos objectifs climatiques, et préfèrent miser sur le réemploi et surtout sur le recyclage, pourtant à eux-seuls insuffisants.

La politique de réemploi et de recyclage du textile et des produits électroniques reste peu ambitieuse avec l’absence d’obligation de réincorporer des matières recyclées dans les produits neufs. Le réemploi et la location de vêtements ainsi que la lutte contre l’obsolescence programmée et le matraquage publicitaire permettraient de satisfaire la demande des consommateurs tout en baissant la production. Aujourd’hui les consommateurs ne portent qu’un tiers de leurs vêtements en moyenne et qui doivent remplacer leurs appareils électroniques conçus pour durer moins longtemps.

L’arrêt du développement du e-commerce, une mesure d’urgence

Le Gouvernement continue de laisser le e-commerce se développer en France, alors qu’il devrait mettre fin aux projets d’entrepôts et zones commerciales en périphérie, comme le demandent les gilets jaunes. Si rien n’est fait l’activité d’Amazon va doubler fin 2020 et les places de marché comme Alibaba, Wish ou Rakuten  vont continuer de pénétrer le marché français. Cela aggravera le changement climatique tout en détruisant encore d’avantage d’emplois en France.

Demandes

01

Stopper immédiatement les nouveaux projets d’entrepôts de e-commerce et zones commerciales en périphérie

Alors que la situation climatique atteint un point critique, l’Etat et les collectivités continuent de délivrer les permis de construire et les autorisations pour de nouveaux entrepôts de vente en ligne et zones commerciales. Les collectivités, mises en concurrence sont contraintes d’accepter et de subventionner l’installation des entrepôts, de peur que les créations d’emplois ne bénéficient à d’autres et de ne subir que les effets négatifs. Pourtant, le e-commerce détruit plus de 2 fois plus d’emplois qu’il n’en crée tout en bénéficiant de subventions publiques et en évitant l’impôt. Pour sortir de cette situation, l’Etat doit adopter une loi interdisant définitivement ces nouveaux projets. L’Allemagne a déjà interdit l’implantation des zones commerciales en périphérie, et a tenu bon face aux critiques de l’Union européenne. Cette politique a eu pour résultat de préserver les commerces de proximité (33% du chiffre d’affaire commercial est réalisé en périphérie en Allemagne contre 62% en France) .

02

Imposer la baisse progressive de la vente de produits textiles et électroniques neufs d’ici 2030

Interdire les nouveaux entrepôts et zones commerciales permettra de limiter les dégâts environnementaux et sociaux, mais n‘évitera pas à elle seule l’emballement climatique. L’Etat doit imposer des plafonds annuels de ventes de produits neufs aux entreprises textiles, pour atteindre une baisse des ventes de 25 % d’ici 2022 puis de 40 % d’ici 2027. Cela concernerait les grands groupes textiles ainsi que les places de marché mais ne s’appliquerait pas aux PME commercialisant moins de 100 000 unités par an. Pour laisser la possibilité pour les entreprises de gagner en parts de marché sur les autres, tout en respectant le plafond global, ces dernières pourraient réduire leurs ventes de 20 % “seulement”, si les 0 à 5 % restant contiennent au moins 30 % de fibres de vêtements recyclées ou 60 % de fibres de coton certifié biologique. La réduction de la vente de neuf à bas coût, qui écrase les alternatives locales, permettra de créer des emplois : développer la seconde main (Emmaüs emploie déjà plus de 8 000 personnes, quasiment autant qu’Amazon) - y compris par les grandes marques ; soutenir les 9 800 retoucheurs et cordonniers, aux salaires souvent inférieurs au SMIC, stimuler la location de vêtements.

03

Financer l’atteinte d’objectifs ambitieux de réemploi et de réparation et encadrer le matraquage publicitaire

Réparer plutôt qu'acheter ou remplacer, c'est la première phrase de la lutte contre l'obsolescence programmée. La durée de vie des produits textiles et électroniques est en baisse, il est urgent d'encourage le rallongement de la durée de vie des produits.

04

Imposer des taux de réincorporation de matière recyclées de minimum 30% dans les produits textiles, électroniques et dans la construction.

Aujourd’hui, 40 millions de biens tombent en panne chaque années s’en être réparés , et les français ne portent en moyenne qu’un tiers des vêtements qu’ils possèdent . La réparation, le réemploi et la réduction de la publicité sur les produits – location, vente de seconde main – a le potentiel de rendre indolore pour le consommateur les baisses de production de produits neufs. Néanmoins, il existe d’importants freins à ces changements : obsolescence programmée, coût de la réparation augmenté volontairement par les fabricants, matraquage publicitaire. Après avoir adopté plusieurs mesures importantes : obligation de disponibilité des pièces détachées pendant 5 ans, interdiction des promotions en dehors des périodes de soldes, interdiction des pratiques visant à empêcher la réparation indépendante, l’Etat doit se doter en 2020 d’objectifs de réemploi et de réparation et organiser leur financement. Les Amis de la Terre demandent à ce que le Gouvernement adopte des objectifs de réemploi supérieurs à 10% et des objectifs de réparation supérieurs à 50% des biens tombés en panne. Les Amis de la Terre demandent également à ce que le système de financement garantisse une priorité au réemploi et la réparation réalisés localement.

05

Imposer des taux de réincorporation de matière recyclée dans les produits textiles, électroniques et dans la construction.

Malgré les discours politiques faisant du recyclage la solution pour réduire notre empreinte carbone tout en poursuivant la croissance économique, peu de choses sont en réalité faites pour permettre réincorporation de matière recyclée dans les produits. Les produits ne sont pas conçus pour être facilement recyclables. On ne sait toujours pas séparer les fibres naturelles et synthétiques dans le textile mais les entreprises développent chaque jour des nouvelles combinaisons. Dans l’électronique les alliages de métaux sont de plus en plus petits et complexes alors que le recyclage de nombreux métaux critiques n’est toujours pas viable économiquement . La production mondialisée repose sur la réduction des coûts, et les matières recyclées sont trop chères par rapport aux matières vierges obtenues grâce à l’exploitation des travailleurs dans les pays du sud. Pour surmonter ces obstacles, l’Etat doit se doter d’objectifs de réincorporation obligatoire de matière recyclée dans les produits textiles, électroniques et dans la construction. C’est désormais possible grâce à la loi Economie circulaire, et ce n’est que comme cela que les entreprises réaliseront les investissements industriels et les changements économiques nécessaires.