Surproduction

Amazon solde la planète

Amazon est devenu l’acteur incontournable de la vente en ligne : symbole de notre société de consommation, rien ne semble pouvoir arrêter le développement du géant américain, et ce au détriment de l’emploi, de l’environnement et du climat. Mais c’est sans compter la détermination des citoyen·nes à changer nos modèles de consommation…

Comprendre

En seulement quelques clics, n’importe quel produit semble être à portée de main pour un prix défiant toute concurrence et livré en un temps record par Amazon. Qui n’a jamais commandé sur la plateforme ou vu quelqu’un de son entourage le faire ?

Son monopole est tel sur le marché qu’elle semble tout aussi puissante qu’un État, si ce n’est plus. Son chiffre d’affaires atteint des sommets et on estime aujourd’hui qu’il s’élève à l’équivalent du PIB des Pays-Bas. Jeff Bezos, son PDG, est quant à lui devenu l’un des hommes les plus fortunés du monde, investissant massivement dans la recherche spatiale, rachetant des médias et multipliant les opérations de communication pour redorer l’image de sa marque.

Amazon ne cesse de multiplier ses activités : n°1 du stockage en ligne de données, distribution et livraison pour le compte de nombreuses plateformes numériques, offre de contenus audiovisuels en streaming, hébergement de sites internet… son développement tentaculaire semble sans fin.

Pour cela, elle use de tous les moyens possibles pour développer son empire : fraude fiscale, concurrence déloyale, vente à perte, greenwashing… A l’heure où nous aspirons à un changement de société profond, empêcher le développement du modèle Amazon est un impératif !

Problèmes

L’implantation d’Amazon au détriment des emplois en France

Amazon prévoit d’ouvrir 19 nouveaux projets d’entrepôts en France d’ici à 2021, ce qui pourrait entraîner la destruction de 100 000 emplois dans l’hexagone. Les dernières études réalisées aux États-Unis, où Amazon est déjà très implantée, démontrent qu’1 emploi créé par la multinationale est responsable de la destruction de plus de 4 emplois dans le commerce traditionnel. 

Elle est pourtant soutenue par des député·es de la majorité, des préfet·es, des sénateur·ices et des conseiller·es départementaux qui sont mis dans la confidence des projets d’implantation en France. L’entreprise n’hésite pas à mettre en concurrence des territoires aux forts taux de chômage, et ce en toute discrétion, afin de préparer son installation et d’empêcher toute opposition.

Le gouvernement au service d’Amazon

Depuis 6 ans, Emmanuel Macron est l’un des principaux artisans de l’expansion d’Amazon en France. Il fait en sorte que le moratoire visant à stopper les zones commerciales proposé par les membres de la Convention citoyenne pour le climat n’intègre pas les entrepôts de e-commerce. Les ministères de l’économie et de la Transition écologique et solidaire se sont ralliés à ses volontés, tout comme les député·es de la majorité.

Amazon championne de la fraude fiscale

La fraude à l’impôt est au cœur de la stratégie d’Amazon. En France, elle est actuellement imposée à 0,46% des 8 milliards d’euros de son chiffre d’affaires. 98% des vendeurs auxquels elle a recours ne paient pas de TVA et disparaissent au bout de quelques semaines sans possibilité de les retrouver. Amazon ne paie aucune taxe sur les surfaces commerciales. Depuis l’origine, Jeff Bezos a organisé son groupe de telle sorte qu’il est très difficile de chiffrer l’étendue réelle de son activité pays par pays. La fraude fiscale est en quelque sorte dans l’ADN de la multinationale.

Amazon agit en toute opacité

Enquêter sur les pratiques commerciales d’Amazon et sur son implantation en France relève d’un véritable parcours du combattant. Pas de transparence sur ses résultats financiers, montages juridiques et financiers complexes, clauses de confidentialité, noms de code camouflant son identité, mise à l’écart des élus s’opposant à l’implantation de nouveaux entrepôts : nombreuses sont les embûches pour réussir à démasquer la multinationale.

Des impacts sociaux dramatiques

Les emplois créés par Amazon sont des emplois plus précaires, durs, et aux salaires plus bas que le travail en magasin, sans compter le recours systématique aux horaires de nuit et aux licenciements abusifs.

Amazon ou l'art du greenwashing

Amazon met en avant par exemple, la commande de 100 000 camions électriques pour réduire ses émissions. Mais ce chiffre est bien grotesque comparé aux quelques 1,4 million de camionnettes qu’elle utilise à travers le monde, sans parler de l’augmentation du trafic aérien pour proposer des délais de livraison toujours plus courts ! Jeff Bezos multiplie les annonces “pseudo-vertes” pour montrer qu’il se sent concerné par la lutte contre la crise climatique, évitant ainsi de remonter à la racine du problème : un modèle économique climaticide par essence.

Cela lui permet également de se racheter une image. Pour le PDG, se poser en philanthrope du climat est une triple réussite : elle permet de rassurer les marchés, d’adoucir les potentiel·les opposant·es, et de diffuser un récit positif sur les grandes multinationales.

Des impacts dévastateurs pour l’environnement & le climat

Le bilan carbone annoncé par Amazon équivaut à 10% des émissions de la France, et l’équivalent de celles de la Bolivie. Néanmoins il est largement sous-évalué. Il ne prend pas en compte les émissions liées à la fabrication des 15 milliards de produits vendus, par exemple.

Pour maintenir le réchauffement climatique à 1,5°C degré à la fin du siècle, éviter les famines, les migrations massives et les guerres provoquées par l’emballement climatique, il faudrait réduire par 10 les mises en marché de produits textiles et environ par 3 celles des produits électroniques. En passe de devenir le numéro 1 mondial du textile et de l’électronique, la multinationale a donc une responsabilité colossale dans notre modèle de surproduction et de surconsommation.

Le transport des produits qu’elle vend à travers le monde requiert des centaines de millions de trajets de camions, des millions de trajets en bateau et environ 48 000 trajets en avion. Son activité de stockage de données informatiques émettrait l’équivalent des émissions de la Norvège chaque année. En bref, les activités de la multinationale sont totalement incompatibles avec une transition écologique juste.

Demandes

01

Le gouvernement doit stopper l’implantation des nouveaux entrepôts d’Amazon

Amazon souhaite augmenter encore son activité dans l’hexagone en installant 19 nouveaux projets (méga-entrepôts, centre de tri, agence de livraison) destinés à doubler sa surface de stockage. Nous demandons un moratoire sur l’implantation de nouveaux entrepôts et de nouvelles zones commerciales en périphérie des villes. C’est l’une des mesures portées également par les 150 citoyen·nes de la Convention Citoyenne pour le Climat.

02

Le gouvernement doit limiter le fret aérien de marchandises

Amazon a massivement recours au transport aérien de marchandises, en louant déjà plus de 767 Boeing. Pour assurer le service “Prime” et la livraison en 48 heures sur l’ensemble du territoire des pays où il s’implante, Amazon assume sans complexe développer sa propre flotte d’avions pour les “Membres Prime qui aiment les livraison ultra-rapides, les prix attractifs et l’important choix disponible chez Amazon”. Il dispose ainsi de 20 espaces réservés dans les aéroports aux Etats-Unis et vient d’en ajouter un nouveau en Californie. Le fret aérien de marchandises d’Amazon représente à lui seul des émissions de gaz à effet de serre considérables. Etant donné le développement exponentiel des activités de la multinationale, ce chiffre risque d’augmenter encore alors qu’il est impératif de réduire nos émissions pour maintenir le réchauffement climatique en dessous de la barre de 1,5°.

Aidez-nous à rester indépendant