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23 mars 2022

Le e-commerce, meilleur ennemi de l’emploi en France

Destructions des emplois comme de l’environnement, les conséquences du e-commerce sont concrètes et de plus en plus visibles. Notre précédent rapport concernant l’impact de la vente en ligne sur les suppressions d’emplois, publié en 2020, est aujourd’hui ré-actualisé pour tenir compte des données de 2019. Le constat est édifiant.

Les petits commerces, premiers impactés par la vente en ligne

Les très petites entreprises de la vente au détail sont toujours les plus touchées par l’impact du e-commerce, avec 7 600 emplois détruits en 2019. Ainsi, en 2019, pour chaque emploi créé dans une entreprise de 50 salarié·es et plus, près de deux emplois ont été détruits dans les plus petites entreprises. Ces chiffres résultent d’un phénomène dévastateur en place depuis des années. Entre 2009 et 2019, l’expansion de la vente en ligne a ainsi provoqué la destruction nette d’environ 85 000 emplois, commerces de gros et de détail confondus. Le phénomène concerne tous les secteurs (sauf ceux de l’électronique et du matériel informatique), mais c’est celui de l’habillement qui est le plus frappé par les destructions d’emplois.

Des perspectives inquiétantes pour l’avenir

L’étude confirme que les très petites entreprises ne sont plus les seules impactées par l’expansion du e-commerce. En effet, les petites et moyennes entreprises ont subi des pertes plus importantes en 2019, tandis que le rythme de création d’emplois dans les grandes entreprises a considérablement baissé. Si cette tendance se poursuit — et tout laisse à penser que c’est le cas, puisque de nombreuses enseignes de la mode et de l’ameublement ont fermé leurs magasins physiques en 2020 et 2021 —, ce sont les grandes entreprises qui seront concernées, et donc davantage de salarié·s dont l’emploi sera menacé par le développement du e-commerce. Le bilan n’en sera que plus lourd.

La complicité du gouvernement français

Malgré ces signaux alarmants et plusieurs interpellations de notre part adressées depuis des années au gouvernement d’Emmanuel Macron, celui-ci fait la sourde oreille et aggrave la situation. Au contraire de nos recommandations, Emmanuel Macron a déroulé le tapis rouge aux grands acteurs du e-commerce, en témoigne le nombre d’entrepôts construits par Amazon durant ce quinquennat. De 4 entrepôts en 2017, nous sommes passés à 44 sur le territoire français aujourd’hui. Cette prolifération a été rendue possible par de multiples cadeaux fiscaux et autres soutiens administratifs et politiques. Pourtant, les chiffres sont là. Ils sont accablants et connus des pouvoirs publics : la vente en ligne détruit les emplois et les commerces à grande vitesse.

Pour protéger les emplois et la justice sociale, il est urgent que le gouvernement régule et encadre enfin le marché du e-commerce.

Le e-commerce, un bilan carbone désastreux

La vente en ligne ne détruit pas que les emplois, elle est aussi coupable d’une grande partie des émissions de gaz à effet de serre. En effet, aujourd’hui, 90% des émissions sont associés à la fabrication des produits – qui a lieu le plus souvent dans des pays dont les usines fonctionnent au charbon (Chine, Bengladesh, Vietnam, etc), premier responsable du réchauffement climatique. Une fois fabriqués et afin d’être livrés dans des délais records aux consommateur·ices, les produits sont acheminés par avion, mode de transport qui alourdit encore davantage le bilan carbone des produits.

L’essor de la vente en ligne généralise et promeut un imaginaire de l’abondance et de l’accumulation. En banalisant le réflexe d’achat en quelques clics, l’industrie du e-commerce tente d’invisibiliser l’impact climatique colossal qui se cache derrière ce geste. Malgré de nombreuses tentatives de greenwashing, le modèle économique du e-commerce est par définition climaticide.

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