Stop Amazon - Mobilisation
Surproduction
10 novembre 2021

Nouvelle victoire contre Amazon dans le Gard

D’immenses terres agricoles viennent d’être sauvées dans le Gard alors qu’Amazon s’apprêtait à y construire un centre de tri. La justice vient d’annuler l’autorisation environnementale du projet. Un nouveau revers pour la multinationale après l’abandon des projets d’entrepôt en Alsace et en Loire-Atlantique.

C’est une grande victoire pour la protection des terres, du climat et des emplois locaux. 38 000m2 de terres agricoles viennent d’être sauvées alors qu’elles allaient être bétonnées pour la construction d’un centre de tri Amazon. Ce projet aurait provoqué un afflux de 1000 poids lourds et 4 000 utilitaires par jour, à moins de 5 km du pont du Gard, un des sites touristiques les plus anciens et visités de France.

Cette nouvelle interroge sur la légalité de l’expansion d’Amazon à marche forcée dans l’hexagone, soutenue par le Gouvernement.

Ce que dit la justice

Le Tribunal Administratif de Nîmes vient d’annuler l’autorisation environnementale du projet Amazon à quelques kilomètres du Pont du Gard. En effet,elle a constaté la présence d’une espèce protégée sur la zone de construction dont il est interdit de détruire l’habitat, sauf sous des conditions d’intérêt général. Le Tribunal a estimé que l’intérêt général du projet pour le territoire n’était pas démontré, malgré les emplois promis par Amazon.

Le e-commerce passe entre les mailles du filet

Ce type de bétonisation est désormais interdite pour les zones commerciales, afin de préserver des terres. Cependant, cette réglementation ne s’applique pas aux entrepôts du e-commerce suite au refus du gouvernement d’inclure le e-commerce dans le moratoire sur l’artificialisation des terres, adopté dans le cadre de la Loi Climat en 2021.

Pourtant, ces projets sont en moyenne beaucoup plus grands que les surfaces commerciales. Le projet inquiétait également pour son impact sur les commerces et les emplois locaux alors que les villes d’Arles et de Nîmes subissent déjà d’importantes vacances de centre-villes.

Il s’agit du 3ème revers de taille dans la stratégie d’expansion d’Amazon dans l’hexagone. Il y a un an, Amazon avait abandonné son méga projet de 189 000m2 sur terres agricoles à Ensisheim  en Alsace1, et vient d’abandonner un projet similaire à Montbert en Loire Atlantique.

La mobilisation continue

Partout en France, les projets d’entrepôts Amazon rencontrent une forte résistance de la part de riverain·es, agriculteur·rices, commerçant·es, écologistes. Ces luttes mettent en échec le géant Amazon. Bien sûr, il faut rester vigilant car la multinationale a d’autres projets dans l’hexagone.

Le gouvernement complice de l’expansion d’Amazon

Le soutien du Gouvernement à l’expansion d’Amazon en France est tel que les procédures d’autorisation sont de plus en plus simples pour les acteurs du e-commerce. Les entrepôts de e-commerce sont exemptés du moratoire sur l’artificialisation de la loi Climat. Ils sont également exemptés d’autorisation commerciale, et donc d’évaluation de leur impact sur les commerces locaux. Le Gouvernement réfléchit même à réduire les délais de jugement des recours contre les projets ! Cette décision du tribunal de Nîmes montre qu’on ne peut pas fouler au pied la loi pour faire plaisir à Amazon.

Nos demandes

Les Amis de la Terre et de nombreuses organisations de la société civile demandent l’arrêt de tous les projets alors qu’il est largement démontré qu’Amazon nuit au climat, aux emplois et évade l’impôt de toutes les manières possibles.2

Notes
1

Amazon a nié être derrière le projet, mais l’analyse des caractéristiques de l’entrepôt et le témoignage de plusieurs sources proches du dossier ne laissent pas de doute.  Une procédure est toujours en cours car l’Etat n’a pas retiré son autorisation malgré le retrait d’Amazon. La stratégie pourrait être d’annoncer un départ pour démobiliser les opposants, expurger les recours et ensuite permettre à Amazon ou d’autres géants du e-commerce de s’installer sans contrainte.

2

L’évasion de l’impôt sur les sociétés d’une part. ATTAC a démontré qu’Amazon dissimule la moitié de son CA dans les paradis fiscaux. Le Guardian a révélé qu’Amazon a payé 0 impôts sur les sociétés au Luxembourg en 2020, alors que toutes ses ventes européennes sont enregistrées dans ce pays. Mais ce n’est pas le seul problème ! Amazon cautionne également un système de fraude à la TVA massive sur sa plateforme, qui a coûté 1 milliard d’euros à la France en 2019. Enfin, les élus locaux se plaignent désormais qu’Amazon évade les impôts locaux de la même façon que l’impôt sur les sociétés !