
Futur Collisionneur Circulaire du CERN : un projet démesuré !
Le Futur Collisionneur Circulaire (FCC) du CERN : un des potentiels plus grands chantiers d'Europe, aux portes d’Annecy, soulève de nombreuses préoccupations environnementales.
Le CERN, Centre Européen pour la Recherche Nucléaire, créé en 1952, est situé à la frontière franco-suisse, entre Genève et le département de l’Ain. Depuis sa création, les installations n’ont cessé de grandir, avec notamment la construction du plus grand accélérateur de particules au monde : le LHC, Large Hadron Collider, qui a nécessité un tunnel de 27 km de circonférence, au service de la recherche fondamentale. 24 états membres financent cette structure. La France le finance à hauteur de 13 %, elle est le 3ème pays contributeur.
Depuis 2014, le CERN travaille, sur un nouveau projet gigantesque dont en amont la population n’a pas été correctement informée: l’installation de 2 nouveaux accélérateurs (FCC : Futur Collisionneur Circulaire, en deux phases d’exploitation : FCCee puis FCChh). Pour cela, il lui faut construire un tunnel souterrain de 91 kilomètres, de 6,5 mètres de diamètre, à 240 mètres sous terre en moyenne. Pour réaliser les expériences, il prévoit de construire des cavernes d’un volume de 8 immeubles ! 8 sites de travail sont prévus en surface, recouvrant chacun de 5 à 9 ha : 1 en Suisse, 2 dans l’Ain et 5 en Haute-Savoie ! Ces installations nécessiteraient la préemption de plus de 50 ha de terres agricoles, sans compter les routes d’accès à construire pour alimenter ces sites. Le Préfet de Région a déjà réservé 160 ha pour ce projet, passant au dessus de tous les élus territoriaux.
Ce projet soulève des problèmes fondamentaux : innombrables impacts sur l’environnement, démesure des travaux (7 ans rien que pour le génie civil, plus 5 ans d’acheminement des machines gigantesques par convois exceptionnels), coût astronomique (plusieurs dizaines de milliards d’Euros), enjeux démocratiques (qui décide à la place des citoyens ?)
Ce projet est une aberration écologique :
- l’excavation de 16 millions de tonnes de matériaux, équivalant à quatre pyramides de Khéops, avec environ 800.000 trajets de camions et un problème colossal de stockage des roches extirpées (parfois à des centaines de km) et ce, dans une région à forte densité de population
- une consommation énergétique démentielle d’environ 1,5 terawattheures par an pour le FCCee, puis 4TWh/an pour le FCChh qui n’inclut pas toute la consommation liée aux besoins de calculs (les valeurs globales pendant les différentes phases du projet souffrent d’un manque de précision), soit plus de la moitié de la consommation actuelle du canton de Genève sur 1 an simplement pour la première phase FCCee . Se pose donc la question (inquiétante) de la production de cette électricité nécessaire.
- l’émission de 1,3 million de tonnes de CO₂ par an, soit près de la totalité des émissions du canton en 2020 et gigantesques émissions de gaz fluorés pour les expériences des collisions de particules
- une consommation d’eau estimée à 2,7 millions de m3 par an, prélevée dans des ressources déjà sous tension comme le lac Léman, mais peut-être aussi l’Arve et le Rhône, les risques de pollutions des nappes phréatiques, ainsi que la problématique liée à l’augmentation de température des eaux rejetées
la destruction de terres agricoles et la disparation d’exploitations implantées aujourd’hui sur ce territoire
une explosion des pollutions sonores et atmosphériques, la mise en danger de la flore et de la faune domestique et sauvage, etc.
Le CERN nous rétorque que les chiffres pourront être améliorés par une meilleure efficience, mais ils resteront quoiqu’il en soit gigantesques face à l’urgence climatique. En 2050/2055, le glacier du Rhône aura fondu alors que la phase FCChh n’aura pas débuté.
Un projet énergivore et climaticide, aux impacts écologiques catastrophiques sur l’Eau, la Biodiversité, engendrant des rejets de millions de tonnes de GES…
Des dizaines de milliards d’Euros pour quelques milliers de physiciens qui refusent d’écouter les préconisations du GIEC… Les opposants ont toutefois le soutien de Scientifiques en Rebellion, avec la signature d’une tribune de 400 chercheurs opposés au projet (en lien ci-dessous).
Cela questionne sur l’éthique de la Recherche face aux enjeux environnementaux, sur l’absence de concertation citoyenne, alors que le projet entre dans une phase cruciale de décision.
Les associations environnementales de Haute-Savoie ont été alertées par l’ONG Suisse NOE21, en 2023. Un collectif s’est rapidement constitué, CO-CERNés, dont fait partie le groupe local des AT74 : exploitation des documents du CERN, élaboration et distribution de flyers, articles de presse, etc. Depuis septembre 2024, le collectif organise des réunions pour informer la population, qui ignore tout de ce projet ; 27 réunions ont été ainsi organisées depuis septembre 2024, avec chaque fois, une salle comble !
Nous avons pu obtenir quelques relais dans la presse locale et nationale, mais ce projet reste pour le moment quasi inconnu du grand public. La mobilisation de tous est nécessaire et le soutien des AT France est attendu, le combat sera long, mais la victoire est possible !
Merci de signer la pétition : https://www.change.org/cern-sobre