Nucléaire / Golfech : première victoire historique du pot de terre contre le pot de fer
Les associations les Amis de la Terre Midi-Pyrénées, FNE Midi-Pyrénées et le Réseau Sortir du nucléaire se sont réjouies du désistement d'EDF dans son pourvoi en cassation suite à sa condamnation par la Cour d'appel de Toulouse : pour la première fois en France, un exploitant nucléaire a été condamné pour des violations à la règlementation technique relative aux installations nucléaires.
Les associations les Amis de la Terre Midi-Pyrénées, FNE Midi-Pyrénées et le Réseau Sortir du nucléaire se sont réjouies du désistement d’EDF dans son pourvoi en cassation suite à sa condamnation par la Cour d’appel de Toulouse : pour la première fois en France, un exploitant nucléaire a été condamné pour des violations à la règlementation technique relative aux installations nucléaires.
Cette décision est d’autant plus remarquable que l’affaire a été détectée et amenée en justice par des associations informées discrètement par un salarié d’EDF d’un dysfonctionnement grave survenu à la centrale de Golfech : EDF avait en effet « oublié » de déclarer cet incident à l’Autorité de sûreté nucléaire – dit « gendarme du nucléaire » – erreur que l’électricien corrigea dès qu’il sut les associations informées…
Cette décision de justice ouvre la voie à beaucoup d’autres étant donné que, régulièrement, si ce n’est quotidiennement, on constate des manquements, des négligences commises sur les différents sites nucléaires, en violation de la règlementation technique : cette décision de justice a déjà commencé à porter ses fruits puisque EDF a été condamnée au Bugey près de Lyon.
Après enquête, il s’avère que le déversement condamné par la justice a été causé par un enchaînement de défaillances techniques au sein de la centrale. En effet, fin 2009, le circuit normal de traitement des eaux de la centrale de Golfech est tombé en panne. Durant des semaines, les eaux ont donc été déviées vers un autre circuit en attendant de pouvoir être décontaminées d’une partie de leur radioactivité artificielle. Le problème est que ce cas de figure n’a pas été prévu lors de la conception des réacteurs, et c’est donc le circuit des eaux pluviales qui a été mis à contribution pour remonter l’eau contaminée vers son point de départ ! Les eaux ont donc transité par un puisard (une cuve en inox). Ce puisard contenait deux pompes (expulsant les eaux vers le circuit normal) qui sont tombées en panne successivement. Le puisard ayant débordé, les eaux se sont répandues dans une enceinte en béton. Celle-ci n’étant pas étanche, une certaine quantité s’est écoulée dans l’environnement.
C’est ainsi que du tritium a été découvert dans la nappe phréatique sous la centrale ; et bien que la composition exacte du rejet intempestif ne soit pas précisément déterminée, il est établi que ce dernier comportait de nombreux autres radioéléments artificiels. Même en fonctionnement dit « normal », les centrales nucléaires rejettent nécessairement dans l’air et dans l’eau tout un tas de substances chimiques et radioactives. Ces rejets sont autorisés par un arrêté spécifique à chaque centrale et ils ne doivent en principe pas dépasser certains seuils : c’est l’opérateur EDF qui effectue lui-même les contrôles.
Toute l’histoire de l’impunité des opérateurs du nucléaire s’est donc définitivement arrêtée à la Cour d’appel de Toulouse le 3 décembre 2012. Les petits arrangements avec la loi ne pouvant plus continuer, le nucléaire « propre » va enfin révéler son vrai visage aux Français passablement anesthésiés par des décennies de propagande, qu’ils ont eux-mêmes financées « à l’insu de leur plein gré« .