Groupe localLes Amis de la Terre Paris26 mai 2004

Pour l’arrêt du financement des sources du changement climatique !

Les Amis de la Terre Paris interpellent les députés de la capitale pour protester contre les financements accordés par la Banque Mondiale aux exploitations d’énergies fossiles et projets miniers

Paris le 26 Mai 2004 : La Banque mondiale finance toujours des projets d’exploitation du charbon et du pétrole. Or, il est aujourd’hui admis que ces activités sont particulièrement néfastes pour le climat dont le changement présente des effets catastrophiques pour la planète (tempêtes, inondations, sécheresses, problèmes agricoles , risques sanitaires). Les Parisiens ont subit directement les conséquences dramatiques du dérèglement climatique lors de la tempête de décembre 1999 et la canicule de l’été 2003.

Aussi, les Amis de la Terre Paris se joignent à la mobilisation internationale demandant à la Banque Mondiale de respecter le mandat qui lui a été donné de lutte contre la pauvreté et de promotion du développement durable.

Pour cela, les recommandations du rapport commandé par le président de la banque à la revue des industries extractives (RIE) doivent être suivies :
– arrêt du financement de l’exploitation du charbon immédiatement
– arrêt du financement de l’exploitation du pétrole dans 5 ans,
– augmentation des financements en faveur des énergies renouvelables pour les populations pauvres,
– arrêt des financements des industries extractives dans les zones de conflit armés,
– respect des conventions internationales sur les droits humains

Le Parlement Européen a adopté fin mars 2004, une Résolution apportant son soutien à la mise en œuvre de ces recommandations.

Les Amis de la Terre Paris demandent aux députés et sénateurs de la capitale de prendre des initiatives dans le même sens.

LETTRE DES AMIS DE LA TERRE PARIS AUX PARLEMENTAIRES PARISIENS

Madame la Députée, Monsieur le Député,

Le changement climatique touche de plus en plus les habitants de l’agglomération parisienne. La tempête de 1999 a ravagé les espaces verts, poumons de nos villes et, surtout, la canicule à fait plusieurs milliers de victimes.
Face à ce cataclysme rampant, qui se manifeste chaque année avec plus de violence, nous ne pouvons rester indifférent. C’est pourquoi nous nous adressons à vous parlementaire élu de l’agglomération parisienne.

Nous nous permettons d’attirer votre attention sur la Revue des Industries Extractives (RIE), commanditée par le Président de la Banque mondiale pour déterminer la stratégie de la banque dans le secteur des industries fossiles (pétrole, gaz et charbon) et des mines.

Le rapport final de la Revue des Industries Extractives souligne que les projets menés par le secteur ignorent un certain nombre d’impératifs économiques, sociaux et environnementaux, et bafouent le plus souvent les droits humains fondamentaux, dans des pays où la population est rarement en mesure de faire valoir ses droits devant la Justice.
De plus, ce rapport met l’accent sur l’urgente nécessité de mettre un terme à l’exploitation des énergies fossiles qui, outre le fait qu’elles contribuent à l’épuisement définitif des ressources, ont un rôle prépondérant dans l’accélération du changement climatique.

Les scientifiques travaillant sur le climat depuis plus de quinze ans dans le cadre des Nations Unies ont prouvé que les changements climatiques résultent principalement des émissions de gaz à effet de serre produites par l’homme. Ces changements climatiques auront des effets catastrophiques pour la planète : tempêtes, inondations, canicule, sécheresses, problèmes agricoles, perte de biodiversité touchée, risques sanitaires et maladies. Pour éviter des changements climatiques désastreux, 40 % de la consommation globale d’énergie doit être fournie par les énergies renouvelables d’ici 2050.

C’est pourquoi ce rapport recommande à la Banque mondiale de revoir en profondeur sa politique énergétique afin de mieux répondre à son mandat d’acteur du développement durable. Le rapport fait notamment les recommandations suivantes :

• Mettre en cohérence les priorités du secteur énergétique avec le mandat social et environnemental de la Banque mondiale en arrêtant le financement de l’exploitation du charbon immédiatement et du pétrole en 2008, et en se concentrant sur le gaz dans la transition énergétique ;
• Augmenter de 20% par an les financements de la Banque en faveur des énergies renouvelables bénéficiant aux populations pauvres ;
• Arrêter le financement des industries extractives dans les zones de conflits armés et à haute valeur écologique ;
• Réduire le soutien aux projets miniers utilisant des matériaux toxiques comme le cyanure ou le mercure et imposer un moratoire sur les rejets miniers en mer et dans les eaux fluviales.

_ Il nous semble primordial que les parlementaires prennent fermement position en faveur de l’ensemble des recommandations de la RIE et incitent le gouvernement français à encourager leur mise en oeuvre au sein de la Banque mondiale, la France étant un des Etats membres les plus influents de cette institution.

Il est important de souligner le soutien massif qui accompagne actuellement les recommandations formulées par la RIE . Nous vous joignons pour votre information la Résolution votée par le Parlement Européen fin mars 2004. La Commission européenne a également apporté son soutien total à la mise en oeuvre de toutes les recommandations de la RIE. Des centaines de parlementaires européens se sont mobilisés ; le gouvernement allemand a exprimé son soutien en faveur des énergies renouvelables ; une coalition d’investisseurs nord-américains ainsi que des industries des énergies renouvelables ont décidé de s’adresser directement au Président de la Banque, sans oublier le ralliement des Prix Nobel de la Paix et les centaines d’acteurs de la société civile à travers le monde qui se sont mobilisés au sein d’une campagne mondiale de soutien à toutes les recommandations de la RIE .

Nous ne comprendrions pas que de tels efforts commandités par la banque, et qui suscitent un mouvement de soutien mondial aussi massif d’acteurs aussi divers, puisse être passé sous silence en France. Nous vous demandons donc de prendre des initiatives dans le même sens.
De plus, nous vous serions reconnaissants d’inciter le gouvernement à prendre position pour la mise en oeuvre de l’ensemble des recommandations de la RIE et de porter cette position de la France au sein de la Banque mondiale.

Nous sommes à votre disposition pour tout renseignement complémentaire et vous prions d’agréer, Madame la Députée, Monsieur le Député, l’expression de notre haute considération.

_ le Président des Amis de la Terre Paris