Projet d’un sanctuaire de biodiversité sur l’ile d’Herblay-sur-Seine : une fausse bonne idée
Les Amis de la Terre Val d'Oise estiment que le projet d'aménagement de l'ile d'Herblay mené par le Département du Val d'Oise est inutile et va aller à l'encontre de l'objectif affiché de sanctuarisation de la biodiversité.
Une zone vierge
L’île d’Herblay est située sur la Seine entre Herblay et Achères. Sa superficie est de 16 ha.
Depuis plusieurs dizaines d’années elle n’est plus utilisée, elle est restée vierge et la nature s’y est développée naturellement. Elle est riche en biodiversité, on y remarque de nombreuses espèces animales et végétales dont certaines sont rares.
Peu d’informations
Sans grande publicité, le département du Val d’Oise a présenté son projet d’aménagement de l’ile lors d’une réunion publique. Seuls quelques articles dans la presse locale et sur le site du département s’en sont fait l’écho. Aucune information de l’agglomération Valparisis, ni des 15 conseils municipaux la composant. Ce projet relève pourtant du Dossier de Déclaration au titre de la loi sur l’eau et des milieux aquatiques.
Le Département du Val d’Oise dit souhaiter créer un sanctuaire de la biodiversité. Ce projet nécessite une phase de travaux importants qui consiste à remodeler l’île avec l’abattage de nombreux arbres pour ouvrir des espaces de prairie, des espaces humides par débroussaillage, un abaissement des berges ainsi que la création d’une rampe d’accès pour l’intervention des engins de terrassement lourds.
Les ATVO ont rencontré quelques difficultés pour obtenir des informations sur ce projet. Il semblerait que le département affirme même ne pas être informé de l’avis de l’Office Français de la Biodiversité et de la Direction régionale et interdépartementale de l’Environnement, de l’Aménagement et des Transports qui ont émis des réserves sur ce projet.
Un chantier destructeur
Les travaux de terrassement prévus consisteraient à décaisser le sol avec des engins mécaniques lourds pour créer un modelé favorable à des formations
végétales, en particulier hygrophiles. Les déblais seraient évacués par voie d’eau au niveau de la rampe (23000m3). Le décapage superficiel serait mis en stock et serait réutilisé ultérieurement pour la végétalisation de plusieurs zones.
Les travaux de terrassement concerneraient toutes les zones à l’exception de la prairie centrale, toutefois cette prairie serait impactée par le passage des engins de chantier.
Diverses questions se posent :
- Pourquoi parler d’un espace préservé de la présence humaine puisque c’est déjà le cas?
- Pourquoi dire vouloir constituer un ilot de biodiversité alors que c’en est déjà un?
Le département parle d’objectifs à atteindre et que la renaturation de l’île sera l’occasion d’interroger notre rapport avec la nature, alors que la plupart des objectifs sont déjà atteints et cela sans débourser un centime (montant du projet : 2,7 MEuros).
Le département parle d’une plus-value paysagère, elle est difficilement quantifiable par rapport à l’existant. Ce qui est certain c’est que ce qui sera détruit est définitivement perdu.
Les travaux de terrassements seront responsables d’un carnage important pour la faune, durant les travaux nombre d’espèces quitteront l’île comme ça a été le cas sur les buttes du Parisis ou suite à des travaux forestiers importants les bécasses ne sont jamais revenues.
Un avis négatif des ATVO en l’état
L’objectif du département est-il sincère : lors du conseil départemental du 15 décembre dernier, il a été question d’abaisser le niveau de l’île (altimétrie) afin de permettre l’expansion des crues de la Seine. Or dans les documents de présentation du projet, il n’est pas fait état de cette spécificité, seule la création d’un sanctuaire de la biodiversité est évoquée.
Pour les ATVO ce projet va entraîner la modification des milieux où la faune et la flore se sont développées naturellement et n’ont subis aucune pression anthropique depuis plusieurs dizaines d’années. Des richesses floristiques, végétales et animales remarquables et protégées seront définitivement impactées par les travaux de terrassement et la plus-value paysagère peu étayée dans le dossier de présentation apparaît très mince. Ce projet s’apparente, en fait, plus à un aménagement paysager que d’une réelle renaturation d’un espace naturel.
Compte tenu des travaux de terrassement, le dossier devrait être soumis à autorisation au titre de L 214-1 du code de l’environnement.
Les prospections sur les espèces protégées apparaissent également insuffisantes, il en est de même sur les volets frayères et piscicoles.
Enfin, en l’état actuel du projet il est difficile d’émettre un avis complet à son sujet.
Il serait souhaitable que le département fournissent des compléments concernant :
- une étude de fonctionnalité des zones concernées afin de déterminer l’impact réel des travaux
- des mesures ERC sur la destruction des habitats et des espèces en présence.
Les Amis de la Terre Val d’Oise émettent donc en l’état un avis défavorable sur le projet.