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Groupe localLes Amis de la Terre Val-de-Bièvre29 juin 2025

PFAS : quand les « polluants éternels » s’invitent dans notre quotidien

📍 Sceaux, 24 juin 2025 – Les Amis de la Terre étaient présents à la conférence organisée autour d’un sujet de plus en plus préoccupant : les PFAS, ces substances chimiques persistantes que l’on retrouve désormais partout dans notre environnement.

À l’initiative du groupe local de Sceaux les Écologistes (EELV), une conférence publique s’est tenue sur le thème des PFAS, ces composés invisibles, omniprésents et persistants. Le Dr Étienne Blanc, toxicologue à l’Inserm, y a présenté un état des lieux alarmant mais nécessaire, autour de ces substances désormais connues sous le nom de polluants éternels.

Que sont les PFAS ?

Les PFAS (substances per- et polyfluoroalkylées) regroupent une famille de plus de 14 000 composés chimiques synthétiques, utilisés depuis les années 1950 pour leurs propriétés anti-taches, résistantes à l’eau, à la graisse et à la chaleur. On les retrouve dans les textiles imperméables, les cosmétiques, les emballages alimentaires, les ustensiles de cuisine, les mousses anti-incendie, et bien d’autres produits du quotidien.

Leur particularité ? Une stabilité chimique exceptionnelle, qui les rend quasiment indestructibles dans l’environnement comme dans l’organisme. Cette persistance leur a valu le surnom de polluants éternels.

Une pollution invisible, mais omniprésente

Les PFAS se diffusent par l’eau, l’air, les sols et la chaîne alimentaire. Certains aliments – comme les produits de la mer, les œufs ou les abats – sont particulièrement concernés. Une enquête récente révèle des concentrations jusqu’à 60 fois supérieures aux recommandations européennes dans l’eau du robinet de certaines communes françaises.

Une fois dans l’organisme, ces composés s’accumulent dans le sang, les tissus, les reins… et peuvent y rester plusieurs années. Même après élimination partielle, ils continuent à circuler dans l’environnement via nos urines ou nos déchets.

Certains modes de traitement (incinération, enfouissement) peuvent par ailleurs contribuer à leur dispersion, en les relâchant dans l’air ou dans les eaux de ruissellement.

Des effets délétères avérés sur la santé

Malgré le manque d’études approfondies sur l’ensemble des PFAS, les recherches disponibles ont mis en évidence plusieurs risques :

  • affaiblissement du système immunitaire,
  • perturbations hormonales et troubles de la fertilitĂ©,
  • effets sur le foie et le mĂ©tabolisme,
  • potentiels effets cancĂ©rigènes.

Certains composés, comme le PFOA, sont désormais classés cancérigènes par l’OMS. D’autres sont identifiés comme reprotoxiques ou perturbateurs endocriniens. Les femmes enceintes et les enfants sont particulièrement vulnérables à ces expositions.

Une réglementation encore insuffisante

Actuellement, seules quatre substances PFAS sont réglementées au niveau européen… sur plus de 14 000 ! En France, la loi du 27 février 2025 (portée par le député EELV Nicolas Thierry) a marqué une première étape avec une meilleure surveillance, l’interdiction progressive de certains usages, et la mise en place d’une redevance « pollueur-payeur » – limitée toutefois à la pollution de l’eau.

Mais de nombreux composés similaires restent autorisés. Les industriels peuvent encore commercialiser de nouveaux PFAS, en contournant les interdictions molécule par molécule.

đź’ˇ Quelles solutions ?

Chercheurs, associations et acteurs publics appellent Ă  :

  • une interdiction progressive de tous les PFAS non essentiels,
  • le dĂ©veloppement d’alternatives sĂ»res et validĂ©es,
  • une rĂ©glementation cohĂ©rente au niveau europĂ©en,
  • une meilleure information des citoyens et des consommateurs.

Plusieurs pays (Allemagne, Pays-Bas, Danemark, Suède, Norvège) militent pour une interdiction large à l’échelle européenne. Une décision de la Commission est attendue dans les mois à venir.

Que faire à notre échelle ?

  • Éviter les produits contenant des PFAS : revĂŞtements anti-taches, anti-adhĂ©sifs, impermĂ©ables, etc.
  • PrivilĂ©gier les articles labellisĂ©s « sans PFAS » ou certifiĂ©s Ă©colabels exigeants.
  • Demander la transparence des fabricants.
  • Soutenir les rĂ©glementations ambitieuses en matière de santĂ© environnementale.
  • Relayer les campagnes citoyennes et les initiatives locales.

Une mobilisation indispensable

Les PFAS sont un symbole des dérives de la chimie moderne : des substances conçues pour durer, mais qui deviennent une menace persistante pour la santé et les écosystèmes.

Pour y faire face, la connaissance, la vigilance et la mobilisation citoyenne sont indispensables. Les Amis de la Terre du Val de Bièvre s’inscrivent dans cette dynamique, en alertant sur les enjeux que posent les PFAS. Une interdiction progressive de ces substances, accompagnée de réglementations plus strictes à l’échelle nationale et européenne, apparaît aujourd’hui comme une réponse nécessaire.

Comme le rappelle Mute Schimpf, chargée de campagne Agriculture aux Amis de la Terre Europe :
« Puisqu’une simplification de la réglementation est considérée comme indispensable, voilà une mesure très simple à prendre : interdiction de l’ensemble des PFAS ! Alors que les lobbies industriels voudraient tellement compliquer les choses… »

🔎 Pour aller plus loin :

  • Site du Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC)
  • Rapports de l’EFSA (AutoritĂ© europĂ©enne de sĂ©curitĂ© des aliments) lien EFSA
  • Études de GĂ©nĂ©rations Futures, Que Choisir, ZERO PFAS : lien ici
  • Carte interactive des pollutions lien ici

Actuellement, seules quatre substances PFAS sont réglementées au niveau européen… sur plus de 14 000 !

Docteur Etienne Blanc
Chercheur Ă  l’INSERM
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