Communiqué de presse16 novembre 2023

124 ONG appellent les institutions financières à se retirer du projet Mozambique LNG de TotalEnergies

Aujourd’hui, une large coalition d'organisations de la société civile du Mozambique et du monde entier a publié un appel urgent aux 28 institutions financières qui soutiennent le projet Mozambique LNG de TotalEnergies.

Dans cette lettre ouverte, les ONG exhortent ces banques et agences de crédit à l’exportation à retirer leur soutien au projet en raison d’une longue liste de préoccupations, notamment les attaques en cours des insurgés, de graves violations des droits humains, le manque criant de bénéfices pour les communautés locales, ainsi que les impacts critiques sur les écosystèmes locaux et le climat mondial. Cet appel a lieu alors que TotalEnergies a annoncé en septembre dernier son intention de lever la clause de force majeure déclarée en 2021 sur le projet Mozambique LNG d’ici la fin de l’année 1, et attend de ses partenaires financiers qu’ils réaffirment leur engagement dans les semaines à venir 2.

Parmi les institutions visées : Société Générale et Crédit Agricole. Les deux banques françaises ont participé en 2020 au financement de Mozambique LNG, et devraient prochainement avoir à se prononcer sur le maintien ou le retrait de leur soutien. Société Générale a en outre joué un rôle particulièrement clé dans le montage financier du projet, en tant que conseiller financier auprès de TotalEnergies. En septembre 2023, la banque de La Défense a néanmoins adopté une nouvelle feuille de route climat qui exclut de ses financements directs ce type de projets gazier : le renouvellement de son soutien à Mozambique LNG – antérieur à cette politique – irait donc à l’encontre de l’esprit de cette nouvelle politique.

Dans une lettre ouverte adressée à ces 28 institutions financières, la coalition expose les raisons impérieuses de son appel à un retrait du projet Mozambique LNG.

  • Violations continues des droits humains : les insuffisances de la diligence raisonnable en matière de droits humains menée par TotalEnergies ont entraîné de graves conséquences, notamment lors du massacre de Palma en mars 2021, et une plainte pénale a été déposée contre TotalEnergies en France le mois dernier pour homicide involontaire et non-assistance à personnes en danger 3.
  • Région très dangereuse et instable : la région reste dangereuse, avec un récente escalade de la violence et de nouvelles attaques en septembre et jusqu’à aujourd’hui 4.
  • Injustice économique et manque de bénéfices : les analyses révèlent la concentration des bénéfices entre les mains de l’industrie gazière et un impact négatif sur l’économie du Mozambique 5. La lettre critique également TotalEnergies pour des pratiques agressives d’évasion fiscale.
  • Menace pour les écosystèmes locaux et le climat mondial : ce projet est une bombe carbone et a également des conséquences sur les écosystèmes locaux au Mozambique, un pays déjà victime des impacts du changement climatique.

Pour toutes ces raisons, la coalition appelle les institutions financières à :

  • Entreprendre une réévaluation complète et indépendante du projet Mozambique LNG, en garantissant une participation significative des communautés et de la société civile.
  • Cesser de soutenir Mozambique LNG, afin de mettre fin à leur complicité dans les violations des droits humains et l’aggravation de la crise climatique.
  • Exclure publiquement tout soutien aux autres nouveaux projets gaziers prévus au Mozambique, à savoir Rovuma LNG et Coral North FLNG.

Lettre complète et signataires à retrouver ici.

Contact presse

Lorette Philippot, chargée de campagne finance privée aux Amis de la Terre France : lorette.philippot@amisdelaterre.org ; +33 6 40 18 82 84

Notes
1

https://www.energyintel.com/0000018a-e197-ddd3-a7ab-efd7bf720000

3

https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2023/10/10/totalenergies-mis-en-cause-apres-l-attaque-djihadiste-de-2021-au-mozambique_6193475_4355770.html

4

https://www.caboligado.com/reports/cabo-ligado-update-30-october-12-november-2023