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Climat-ÉnergieFinance
Communiqué de presse14 mai 2019

Charbon : Rothschild & co annonce s’être retiré d’un mandat de conseil pour Adani

Montreuil, le 14 mai 2019 - La banque Rothschild & co vient d’annoncer qu'elle ne conseillait plus l’entreprise indienne Adani pour une transaction destinée à lever des fonds pour son gigantesque projet d'extraction et d’exportation de charbon Carmichael en Australie (1). Cela fait suite à plusieurs demandes en ce sens des Amis de la Terre et de leurs partenaires. Ces annonces arrivent la veille de la publication d’un rapport qui allait révéler l'activité méconnue mais significative de la banque dans le secteur du charbon (2). Alors que les autres banques françaises ont restreint leurs services de conseil au charbon, Rothschild & co y voit une manne financière et conseille actuellement Uniper pour la vente de ses centrales à charbon françaises à EPH. Présents à l'assemblée générale de Rothschild & Co à Paris le jeudi 16 mai, les Amis de la Terre France demanderont à la direction de la banque de mettre un terme à tous services financiers liés au secteur du charbon.

La transaction soutenue par Rothschild & co était destinée à aider Adani à lever des fonds pour un des projets les plus controversés au monde : la mine de charbon Carmichael et les infrastructures de transport nécessaires à l’exportation du charbon à travers la Grande Barrière de corail. Suite au refus de 37 grandes banques internationales de financer le projet, Adani a annoncé en novembre 2018 qu’il allait autofinancer le projet de 1,3 milliard d’euros.

“Rothschild & co ne précise pas les raisons de sa sortie de ce mandat de conseil mais il est peu probable qu’il s’agisse d’un réveil écologique. Au contraire, Rothschild & co a signé son mandat pour Adani alors que l’entreprise avait déjà été exclue de nombreux portefeuilles d’investissement et que le projet Carmichael avait déjà été rejeté par une quarantaine d’acteurs financiers au niveau international (3). Les hypothèses les plus probables sont que Rothschild & co n’a pas su convaincre d’autres investisseurs de racheter des actifs dans un projet ultra toxique ou que la banque a enfin pris conscience des risques réputationnels liés à ce projet. La banque opérait jusqu’à présent en toute opacité. Ce temps est révolu, elle devra désormais répondre de ses soutiens aux énergies fossiles et de sa contribution à l’aggravation du dérèglement climatique” déclare Lucie Pinson, référente de la campagne Finance privée des Amis de la Terre,

Contactée à plusieurs reprises par des ONG depuis octobre 2018, la banque avait jusqu’à présent refusé tout dialogue, ne répondant ni aux courriels, ni aux lettres. C’est après avoir reçu une lettre co-signée par 16 ONG australiennes et françaises (4) et alors que les Amis de la Terre allaient publier une note révélant l’activité de Rothschild & co dans le secteur du charbon que la banque a publié cette information sur son site internet (5).

La note des Amis de la Terre montre également qu’il ne s’agissait pas d’un coup d’essai pour Rothschild & co. Au contraire, la banque a fait ses preuves dans les opérations liées au charbon (6). Après avoir supervisé la vente de la centrale à charbon d’Eggborough au milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, Rothschild & co l’aide aujourd’hui à acquérir les deux centrales françaises d’Uniper, risquant de mettre à mal la sortie du charbon française.

« Au lieu de préparer et anticiper les fermetures de sites, EPH a en effet plutôt fait ses preuves en matière de licenciements éclairs, transfert des coûts sur le contribuable et lobbying agressif pour décaler les dates de fermeture puis toucher des compensations financières. Le tout pour faire un maximum de profit en peu d’années. Alors que toutes grandes banques françaises ont reconnu que la vente et reprise d’actifs charbon n’est pas une solution pour le climat, Rothschild & co est complice de ces pratiques.” complète Cécile Marchand, chargée de campagne climat et acteurs publics aux Amis de la Terre.

Les Amis de la Terre demandent donc à Rothschild & co d’aller plus loin en abandonnant son mandat de conseil pour Uniper pour la vente de leurs actifs en France et en adoptant une politique plus large mettant un terme à tous services financiers liés au secteur du charbon (7). Ils seront présents l’assemblée générale de Rothschild & co jeudi 15 mai où ils interpelleront la direction de la banque.

Contacts presse :

Lucie Pinson, lucie.pinson@amisdelaterre.org, 0679543715

Cécile Marchand, cecile.marchand@amisdelaterre.org, 0669977456

(1) Lettre de Déclaration de Rothschild & co : https://www.rothschildandco.com/en/legal/letter-to-amis-de-la-terre-france/

(2) La note “Rothschild & co: à l’attaque du climat et de la biodiversité” est téléchargeable ci-dessous.

(3) Voir la liste complète des engagements sur le site de Market Forces et l’intégralité des engagements des banques et assureurs français en page 4 de la note de presse.

(4) Voir la lettre ici.

(5) Rothschild & co a envoyé un courrier Dimanche 12 mai aux Amis de la Terre France. Indiqué comme étant confidentiel, la banque l’a publié sur son site internet dans la soirée lundi 13 mai.

(6) En plus du contrat lié à la centrale d’Eggborough et celles en France, Rothschild a aussi été impliqué dans l’acquisition de la centrale à charbon de Loy Yang B détenue en partie par Engie en Australie en janvier 2018 (information de IJGlobal). Auparavant, Rothschild & co a signé un mandat de conseiller financier avec Jindal pour le projet de nouvelle centrale de Mmamabula au Botswana (information de IJGlobal), avec Mitsubishi en 2016 pour la vente d’actifs charbon en Australie, avec Anglo American entre 2017 et 2019 pour la vente d’actifs charbon en Afrique du Sud.

(7) Rothschild & co doit 1) Renoncer publiquement à ses mandats de conseil pour Adani en Australie et pour Uniper en France ; 2) S’engager à ne plus effectuer de mandats de conseil pour des transactions liées à des actifs charbon; 3) Désinvestir et ne plus fournir de services financiers aux entreprises qui a. étendent leurs capacités dans le secteur du charbon en acquérant ou développant de nouvelles mines, centrales ou infrastructures charbon ; b. génèrent plus de 30% de leur production d’électricité ou revenus à partir du charbon ; c. produisent plus de 20 millions de tonnes de charbon par an ou ont une capacité de charbon supérieur à 10 GW

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