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Climat-ÉnergieFinance
Communiqué de presse31 mars 2016

Charbon : une intox toujours soutenue par le Crédit Agricole et la Société Générale

Les Amis de la Terre France et Greenpeace appellent le Crédit Agricole et la Société Générale à renoncer au projet d’extension de la centrale de Tanjung Jati B en Indonésie!

Montreuil – 30 mars 2016 – A l’occasion de la publication du rapport Boom and Bust 2016 de Greenpeace, CoalSwarm et Sierra Club (1), qui fait le bilan des projets de centrales à charbon dans le monde, les Amis de la Terre France et Greenpeace appellent le Crédit Agricole et la Société Générale à renoncer au projet d’extension de la centrale de Tanjung Jati B en Indonésie (2).

Le monde n’a pas encore pris acte de l’Accord de Paris et de l’objectif international de limiter la hausse de la température du globe bien en-dessous du seuil de 2°C, et de tendre vers un réchauffement de +1,5°C au-dessus des niveaux pré-industriels. En effet, alors même que toute nouvelle centrale construite aujourd’hui va à l’encontre de cet objectif, et ce quelle que soit la technologie utilisée, le nouveau rapport de Boom and Bust 2016 publié par Greenpeace, CoalSwarm et Sierra Club montrent que des milliers de projets charbon sont toujours planifiés, malgré leur non-sens économique, sanitaire et même énergétique.

« Il y a surcapacité et toute nouvelle centrale augmente le risque de « stranded asset ». On sait apporter de l’énergie plus propre et à moindre coût à ceux qui en manquent dans de nombreux pays, et les dégâts environnementaux et sanitaires du charbon sont catastrophiques, avec des milliers de morts prématurées supplémentaires à chaque nouvelle infrastructure. Malgré tout, des milliers de projets de centrales à charbon existent toujours et pourraient voir le jour grâce aux financements des banques françaises qui pour la plupart ne se sont engagées à arrêter de financer des centrales que dans les pays riches » (3) commente Lucie Pinson, chargée de campagne Finance privée / Coface aux Amis de la Terre.

Indonésie, le Crédit Agricole et la Société Générale font partie d’un groupe de banques intéressées pour financer la construction de deux unités supplémentaires de 1000MW à la centrale de Tanjung Jati B (TJB2) (4). Ce projet s’intègre au plan de développement d’une centaine de nouvelles centrales à charbon en Indonésie (5), un programme moins destiné à garantir une énergie aux populations qui en manquent qu’à garantir des débouchées aux industries minières frappées par la baisse de la demande sur les marchés internationaux. Situé sur l’île de Java, l’une des zones les plus peuplées de l’Indonésie, et loin des îles où les coupures d’électricité sévissent, ce projet pourrait doubler le nombre de morts prématurées causées par les 4 unités existantes.

« Alors que BNP Paribas s’est retirée de ce projet, le Crédit Agricole et la Société Générale pourraient demain financer l’extension d’une centrale qui coûte déjà la vie de 1020 personnes chaque année. Nous atteignons clairement la limite de leurs engagements climat adoptés avant la COP21. Si elles doivent progressivement mettre un terme à leurs soutiens généraux aux entreprises du secteur du charbon, elles ne doivent plus soutenir directement de nouveaux projets charbon, comme s’y sont déjà engagés Natixis et ING. Ces nouveaux projets sapent les efforts consentis par ailleurs et relèvent de la schizophrénie, surtout quand les alternatives existent » poursuit Lucie Pinson.

Par une lettre ouverte, les Amis de la Terre France, BankTrack et Greenpeace demandent au Crédit Agricole et à la Société Générale de se retirer immédiatement du projet de Tanjung Jati B.

Contact presse :
Lucie Pinson, chargée de campagne Finance privée / Coface, Amis de la Terre France, 0679543715 lucie.pinson@amisdelaterre.org

(1) Boom and Bust 2016, Greenpeace, CoalSwarm, Sierra Club
(2) Voir la lettre envoyée aux deux banques ici.
(3) Crédit Agricole s’est engagée à ne plus financer de projets de centrales dans les pays à hauts revenus d’après la classification de la Banque mondiale, et la Société Générale s’est engagée à ne plus en financer dans les pays de l’OCDE à hauts revenus, selon la même classification, soit respectivement 6,1 et 4,1 % du marché du charbon.
(4) Voir l’intégralité des impacts climat, sanitaires et sociaux ici et ici.
(5) L’Indonésie prévoit la construction de 35GW d’ici 2019, dont 20GW, soit 60% de charbon.

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