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Climat-ÉnergieFinance
Communiqué de presse7 novembre 2017

Nouveau rapport : pour respecter les objectifs de l’Accord de Paris, pas de place pour le gaz dans le budget carbone restant à l’Europe

Montreuil, le 7 novembre 2017 – Alors que les discussions sur la loi sur les hydrocarbures reprennent aujourd’hui au Sénat et que la COP23 a démarré hier, une nouvelle étude indique que l’Union européenne doit arrêter immédiatement de soutenir et de financer la construction de nouvelles infrastructures gazières si elle entend respecter son engagement à tenir les objectifs climatiques de l’Accord de Paris. A travers quatre cas symboliques, les Amis de la Terre explicitent le rôle de la France dans le développement du gaz en Europe, et au delà. [1]

Cette étude commanditée par les Amis de la Terre Europe auprès du Centre Tyndall pour le changement climatique et de l’Université de Teesside, démontre que les pays membres de l’UE ne bénéficient, au rythme actuel, que de 9 années de combustion de gaz et autres énergies fossiles, avant d’avoir épuisé leur part du budget carbone restant pour rester sous la barre des +2°C. [2] Intégrant les quantités de CO2 et de méthane émis tout au long du cycle de vie du gaz, les conclusions des auteurs sont très claires : « il n’y a clairement pas de place pour exploiter de nouvelles réserves fossiles, y compris de gaz », « un plan de sortie du gaz et autres énergies fossiles de toute l’UE est impératif. » [3]

L’engouement de l’Europe pour le gaz est totalement incompatible avec une politique climatique crédible. L’industrie pétrolière et gazière s’efforce de présenter le gaz comme une énergie propre pour maintenir leur business model basé sur les énergies fossiles, mais la réalité est telle qu’il n’y a absolument pas de place pour le gaz dans la transition énergétique dont nous avons besoin. » explique Jagoda Munic, directeur des Amis de la Terre Europe.

Cette alerte intervient au moment où l’UE s’apprête à publier une liste de 55 nouveaux projets gaziers, éligibles à des financements publics. [4] Chaque infrastructure ayant une durée de vie de 40 à 50 ans, financer leur construction revient soit à renoncer aux objectifs climatiques, soit à gâcher des milliards d’euros dans des infrastructures qui devront être fermées avant la fin de leur durée de vie. Le Trans-Adriatic Pipeline (TAP), tronçon du Corridor gazier du Sud (SGC) qui doit acheminer 10 milliards de m3 de gaz, coûterait à lui seul 4,5 milliards d’euros, un dixième du coût total du SGC. 2 milliards d’euros de financements pourraient être apportés par la Banque publique d’investissement (BEI) dans les prochains mois.

« La France, en tant qu’Etat membre et actionnaire de la BEI peut s’opposer au soutien financier public au TAP et porter au niveau européen une reconversion des flux financiers publics vers l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables. Mais l’exemplarité commence aussi au niveau national. Nous appelons le gouvernement à se saisir de la COP23 ou du sommet climat qu’il a souhaité organiser à Paris en décembre pour renoncer à soutenir le projet offshore de gaz naturel liquéfié Coral LNG ou tout autre projet fossile via son agence de crédit aux exportations, la Banque publique d’investissement” réagit Cécile Marchand, chargée de campagne climat et acteurs publics aux Amis de la Terre.

« Certaines banques privées prétendent elles-aussi sauver le climat en misant sur le gaz et Société Générale pousse l’hypocrisie au gaz de schiste. En charge de mobiliser les banques privées pour un financement d’1 milliard au TAP, Société Générale joue également un rôle clé dans la construction d’un terminal d’exportation de gaz de schiste, Rio Grande LNG, situé au sud du Texas. Loin de contribuer à la transition énergétique comme le prétendait la direction de la banque lors de son Assemblée générale, ce projet de 20 milliards de dollars contribuerait à émettre autant de gaz à effet de serre que 44 centrales à charbon. Société Générale ne peut plus continuer de nier la réalité scientifique et doit s’engager à ne pas financer ces projets ni aucun autre terminal de GNL outre-Atlantique, comme l’a fait BNP Paribas » conclut Lucie Pinson, chargée de campagne finance privée aux Amis de la Terre.

Retrouvez le rapport des Amis de la Terre Europe, l’étude sur l’implication de la France à travers quatre cas de projets gaziers, le rapport intégral d’Anderson et Broderick et son résumé exécutif.

Notes

  • [1] “L’implication de la France dans les projets gaziers – 4 cas symboliques”, Les Amis de la Terre.
  • [2] Selon l’étude, les énergies fossiles ne doivent pas compter pour plus de 5% du mix énergétique européen dans un scénario à +2°C, un scénario 1,5°C impliquant une sortie encore plus rapide des énergies fossiles.
  • [3] www.foeeurope.org/NoRoomForGas
  • [4] http://www.politico.eu/?post_type=pro&p=744896

Documents joints