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Climat-ÉnergieFinance
Communiqué de presse12 juin 2018

Punta Catalina : le dernier financement direct des banques françaises à une centrale à charbon arrêté

Le mardi 12 juin 2018 – Société Générale et le consortium de banques européennes engagées depuis 2015 dans un prêt dédié à la construction de la centrale à charbon de Punta Catalina en République dominicaine ont annoncé la suspension définitive de ce financement. Cette décision marque l’arrêt des financements directs des banques françaises au secteur du charbon, mais pas de tous leurs soutiens indirects au développement de nouvelles centrales à charbon. Les Amis de la Terre appellent les banques à revoir d’urgence leurs politiques sectorielles sur le charbon afin de les aligner avec les objectifs de l’Accord de Paris et avec les meilleures pratiques internationales.

Lors de l’Assemblée générale de Deutsche Bank le 24 mai 2018, le directeur exécutif de la banque allemande a déclaré avoir refusé en mars 2018 l’extension du prêt de 632,5 millions de dollars accordé en mai 2015 par un consortium de banques européennes pour la construction de la centrale à charbon de Punta Catalina, d’une capacité de 770 MW, en République dominicaine [1]. Cette annonce marque l’arrêt du financement de Deutsche Bank, Société Générale, ING, Banco Santander et UniCredito, dédié à Punta Catalina.

Dans une déclaration commune publiée ce matin, Les Amis de la Terre France, BankTrack, Urgewald, Re:Common et le Comité National de Lutte contre les Changements Climatiques dominicain saluent cette décision [2]. Mais cette bonne nouvelle est néanmoins loin de répondre aux enjeux d’un secteur encore aujourd’hui en pleine croissance.

Lorette Philippot des Amis de la Terre commente : « Cette décision est une victoire puisque nous appelions depuis plusieurs années les banques à s’écarter de Punta Catalina, qui non seulement est symptomatique de la corruption des élites politiques et économiques, mais représente aussi une grave menace pour l’environnement, les ressources en eau et le climat [3]. Elle est d’autant plus symbolique que ce projet charbon est l’un des derniers à avoir bénéficié d’un financement direct d’une banque française. La porte de l’industrie du charbon reste malheureusement encore bien ouverte pour les banques, qui continuent à appuyer le développement de nouvelles mines et centrales, via leurs soutiens indirects aux entreprises du secteur [4] ».

Trois ans après la COP21 et l’adoption par toutes les banques françaises de mesures d’exclusion sur le charbon, les chiffres montrent en effet que leurs financements à ce secteur ne diminuent pas. Société Générale fait ainsi partie des 10 banques internationales qui ont le plus augmenté leurs financements aux entreprises les plus actives dans les mines et centrales à charbon, avec une hausse de 227 millions de dollars entre 2016 et 2017 [5]. Et elle n’est pas un cas isolé. Au lendemain de la signature de l’Accord de Paris, les trois premières banques françaises – BNP Paribas, Crédit Agricole et Société Générale – ont toutes augmenté leurs financements aux entreprises qui développent de nouvelles centrales à charbon [6].

« Si les banques françaises continuent à soutenir des entreprises qui parient ouvertement contre l’atteinte des objectifs de l’Accord de Paris, alors leurs politiques sont insuffisantes et doivent immédiatement être revues à la hausse. Leaders hier sur cette question, les banques françaises sont désormais devancées par leurs concurrentes : elles n’ont ni acté la fin de leurs soutiens aux entreprises qui développent des projets charbon comme l’a fait ABN AMRO [7], ni adopté une date de sortie totale du secteur comme l’ont fait ING et Allianz – avec un objectif de zéro exposition d’ici 2025 [8] pour le premier et 2040 pour le second [9]. Sans révision immédiate de leurs politiques en ce sens, les banques françaises ne pourront pas défendre la marque Finance for Tomorrow et Paris comme étant la place de la finance verte aux sommets climat de 2018 », conclut Lucie Pinson des Amis de la Terre.