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Climat-Énergie
Communiqué de presse3 avril 2019

Réaction à la remise du rapport de RTE sur la fermeture des centrales à charbon

Suite à une demande du ministère de la transition écologique et solidaire, le gestionnaire français du réseau d’électricité RTE a remis au gouvernement ce mercredi un rapport complémentaire à son bilan prévisionnel, afin d’étudier les enjeux de sécurité d’approvisionnement liés à l’engagement d’Emmanuel Macron de fermer les centrales à charbon d’ici 2022. Les associations membres du Réseau Action Climat exhortent le gouvernement à ne pas revenir sur son engagement de sortie du charbon. Les ONG l’appellent à concentrer ses efforts sur la préparation d’un ensemble de mesures permettant de faire baisser les consommations d’électricité, et non sur la reconversion biomasse des centrales d’EDF.

La remise d’un rapport complémentaire de la part de RTE [1] intervient après une demande du ministère de la transition écologique et solidaire de tester les scénarios les plus tendus en matière de sécurité d’approvisionnement. Il conclut qu’il existe des leviers pour respecter l’engagement de sortie du charbon d’ici 2022 mais que leur activation dépend de décisions politiques.

Le Réseau Action Climat tient à rappeler que cette potentielle tension sur le réseau est avant tout liée à l’inaction de l’Etat qui, depuis des années, n’a pas massivement développé les énergies renouvelables et les économies d’électricité, ni mis en oeuvre des actions pour réduire la pointe électrique. Autant de leviers qui auraient permis par ailleurs de réduire la facture électrique des consommateurs et la précarité énergétique.

Plutôt que d’investir dans une reconversion des centrales à charbon dont on sait dorénavant qu’elle ne serait pas rentable ou de revenir sur l’engagement de sortie du charbon, il est urgent d’agir pour réduire de manière pérenne les gaspillages d’électricité.” réagit Anne Bringault, coordinatrice transition énergétique pour le CLER et le Réseau Action Climat. Plusieurs mesures pourraient être mises en oeuvre pour faire baisser les consommations d’électricité comme la rénovation des logements ou un plan d’action dans le secteur du tertiaire et, de façon exceptionnelle lors de pics, en agissant sur l’éclairage public, l’extinction des panneaux publicitaires lumineux ou encore l’incitation à chauffer les logements et bureaux à maximum 19°C … Le gouvernement pourrait travailler un ensemble de mesures permettant de libérer de la puissance à la pointe et éviter ainsi le maintien ou l’ouverture de lourdes infrastructures énergétiques.

Cette étude de RTE ne doit donc pas être l’occasion pour le gouvernement de prendre des décisions contraires à la transition énergétique. La reconversion biomasse des centrales à charbon mentionnée dans le rapport représente une fausse solution, coûteuse et aux conséquences écologiques probablement néfastes. En outre, le projet de reconversion serait surdimensionné par rapport aux besoins chiffrés par RTE. En effet, le projet Ecocombust défendu par EDF pour reconvertir les centrales de Cordemais et du Havre n’est rentable que si deux tranches fonctionnent au moins 800 heures / an, bien au-delà des quelques dizaines d’heures jugées potentiellement nécessaires par RTE pour garantir la sécurité d’approvisionnement. S’il s’avère nécessaire d’actionner le levier de l’adaptation du calendrier des visites décennales des centrales nucléaires, il faut que celles-ci soient anticipées et non fortement décalées dans le temps, ce qui pourrait constituer une prise de risque en matière de sûreté nucléaire.

Pour lever les incertitudes, le gouvernement doit maintenant inscrire la sortie du charbon une bonne fois pour toute dans la loi et mettre des moyens pour accompagner les travailleurs et territoires impactés. Il faut aussi donner un cap clair pour la centrale de Cordemais en reconnaissant que le projet de reconversion Ecocombust ne tient pas la route.” conclut Cécile Marchand, chargée de campagne aux Amis de la Terre.