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Climat-ÉnergieFinance
Communiqué de presse19 décembre 2017

Sables bitumineux : Crédit Agricole renouvelle son financement à TransCanada

Mardi 19 décembre - Une semaine après avoir annoncé l’arrêt de ses soutiens directs aux projets de sables bitumineux, Crédit Agricole a renouvelé deux lignes de financement indirect à TransCanada, l’entreprise qui prévoit la construction du pipeline de sables bitumineux Keystone XL. Les Amis de la Terre condamnent ce renouvellement qui confirme l’insuffisance de la politique tout juste adoptée par Crédit Agricole. Ils appellent donc la banque à immédiatement exclure TransCanada de ses soutiens, comme l’ont fait BNP Paribas et AXA.

Crédit Agricole vient de renouveler, aux côtés de 18 autres banques, deux lignes de crédits d’un montant total de 1,5 milliard de dollars, à TransCanada [1], l’entreprise derrière le projet de pipeline de sables bitumineux Keystone XL, suspendu par l’administration Obama avant d’être relancé par Donald Trump dès son arrivée au pouvoir.

Le renouvellement des deux facilités de crédit arrive quelques jours après le Climate Finance Day et le One Planet Summit, mais surtout une semaine après que Crédit Agricole se soit engagé à ne plus financer directement les projets de production et de pipelines de sables bitumineux [2].

Lucie Pinson, chargée de campagne Finance privée aux Amis de la Terre commente : « Il y a quelques jours, nous avertissions du caractère cosmétique des engagements adoptés par Crédit Agricole sur les sables bitumineux, et il n’aura fallu qu’une semaine pour que la banque décide de nous donner raison. En décidant de renouveler ses soutiens à TransCanada alors que l’entreprise cherche à construire ce projet désastreux, Crédit Agricole révèle son vrai visage, celui d’une banque pleine de prétentions à “accélérer la transition énergétique”, mais très loin d’assumer ses responsabilités. Si la finance peut contribuer à sauver le climat, comme l’a martelé le One Planet Summit, c’est du côté d’AXA et de BNP Paribas qu’il faut se tourner mais certainement pas du côté du Crédit Agricole”.

Le Keystone XL prévoit de transporter 830 000 barils de sables bitumineux par jour d’Alberta au Golfe du Mexique, menaçant sur son chemin les ressources en eau et les communautés locales, en premier lieu les populations autochtones. Sa construction entraînerait une augmentation de 36% de la production de sables bitumineux, un des types de pétrole les plus sales et les plus carbonés.

Les financements aux entreprises devraient jouer un rôle prédominant dans la construction du Keystone XL et des deux autres pipelines de sables bitumineux aujourd’hui prévus outre-Atlantique, le Line 3 d’Enbridge et l’extension du TransMountain de Kinder Morgan. BNP Paribas ne devrait plus financer ces entreprises en raison des mesures qu’elle a adoptées en octobre dernier [3]. La semaine dernière, AXA annonçait son désinvestissement des trois entreprises ainsi que l’exclusion de tout le secteur des sables bitumineux de ses soutiens en assurance [4].

Au-delà de nier l’impératif climatique, Crédit Agricole méprise le droit des populations autochtones à donner leur consentement libre, préalable et informé à un projet avant que celui-ci ne soit financé et construit. La banque n’aurait donc pas retenu les leçons du Dakota Access Pipeline. Grossière erreur car les populations autochtones et les ONG environnementales des deux côtés de l’Atlantique les ont retenues, et les actions contre les banques qui refusent de se désolidariser des nouveaux projets de pipelines et des entreprises qui les portent ne faibliront pas” conclut Lorette Philippot, chargée de mission Finance privée aux Amis de la Terre France.