arton2653
Climat-ÉnergieFinanceMultinationales
15 mars 2017

Dakota Access Pipeline : Crédit Agricole fait un petit pas, les autres banques françaises font profil bas

Crédit Agricole a mis à jour vendredi dernier sa position sur le Dakota Access Pipeline, cet énorme oléoduc aujourd'hui au cœur d'une des plus grandes polémiques internationales sur le bafouement des droits des populations autochtones par les entreprises des industries extractives et leurs financiers.

Vendredi dernier, Crédit Agricole révisait sa position sur l’oléoduc Dakota Access Pipeline que la banque finance à hauteur de 120 millions de dollars et annonçait s’engager à « ne pas accroître ses concours vis-à-vis des emprunteurs et plus généralement de la société Bakken Holdings Company, qui contrôle le développement du projet DAPL, et de ses affiliés tant qu’une résolution satisfaisante du différend n’aura pas été trouvée » (1).

Lucie Pinson, chargée de campagne Finance privée des Amis de la Terre France décrypte :

« S’engager à ne plus accorder de nouveaux soutiens financiers à un projet après avoir signé le dernier chèque ne coûte pas grand-chose…Un nombre croissant de banques et investisseurs prennent des véritables engagements en matière de désinvestissement des entreprises impliquées dans le projet, et c’est bien de telles mesures que nous attendons du Crédit Agricole comme des autres banques françaises. Leur devoir en tant que parties prenantes du projet est de tout faire pour que les demandes et droits des Sioux de Standing Roc soient respectés. Mais leur responsabilité en tant que financeurs internationaux est aussi de condamner les violations des droits humains commises par les entreprises impliquées dans le projet et de les exclure immédiatement de tout soutien futur ».

Les Amis de la Terre notent avec inquiétude le langage timoré de la position du Crédit Agricole alors que les Nations Unies elles-mêmes ont condamné les traitements inhumains à l’égard des Sioux de Standing Rock et des protecteurs de l’eau venus soutenir leur mobilisation. Si la banque n’évoque que les manquements concernant l’absence de consentement des communautés autochtones, il faut rappeler le mépris des droits de ces populations amérindiennes, comme c’est trop souvent le cas, par les entreprises des industries extractives, et la violence de la répression dont ils ont été victimes.

Les Amis de la Terre condamnent aussi la posture adoptée par Crédit Agricole qui laisse entendre dans son texte de position que la faute incombe à la société civile. Car celle-ci aurait alerté la banque de la situation sur place et des risques du projet trop tardivement pour permettre au Crédit Agricole d’agir sur la situation.

« Crédit Agricole tente de renverser la responsabilité mais ne dupe personne : la banque, comme toutes les autres, a failli à ses devoirs en finançant le Dakota Access Pipeline. Ce n’est pas à la société civile de veiller à ce que les banques fassent leur travail ! Crédit Agricole tente de faire croire qu’aucune réglementation n’a été violée et que le problème provient de l’absence dans les Principes de l’Equateur de l’obligation de s’assurer du consentement des populations autochtones dans les pays riches, mais respecter ce principe est une obligation des normes internationales ! » poursuit Lucie Pinson.

Si les Amis de la Terre saluent donc la volonté du Crédit Agricole de demander l’inscription dans les Principes de l’Equateur de cette obligation d’obtenir dans tous les pays le consentement libre préalable et informé des communautés autochtones impactées, ainsi que la création d’une structure d’aide à la gestion des griefs, nous appelons le Crédit Agricole et les autres banques françaises à s’en assurer dans leurs propres activités même si cela n’est pas acté au niveau des Principes de l’Equateur.

Contact : Lucie Pinson, chargée de campagne Finance privée / Coface aux Amis de la Terre France, lucie.pinson@amisdelaterre.org, 0679543715

(1) Position du Crédit Agricole : https://www.credit-agricole.com/responsable-et-engage/la-rse-facteur-de-performance-durable-pour-le-groupe-credit-agricole/nos-positions/precisions-sur-le-projet-dakota-access-pipeline-dapl-aux-etats-unis

D’après les précisions apportées à l’oral par le Crédit Agricole, la banque ne suspend pas ses possibles futurs soutiens aux entreprises impliquées dans le projet mais uniquement ceux qui seraient liés au projet d’oléoduc.

Crédit photo: Dakota Access Pipeline Day of Action San Francisco @Michael Short / Greenpeace