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Climat-Énergie
16 juin 2016

Le gaz, une énergie de transition ?

À l’occasion de la COP21, les grandes majors des hydrocarbures comme Total, Engie (GDF Suez) Chevron, ExxonMobil ou Shell ont mené l’offensive pour présenter le gaz comme l’énergie de l’avenir.

En France, c’est Total qui a ouvert le bal dès mai 2015 en vantant les atouts du gaz naturel, « la plus propre des énergies fossiles » dans sa nouvelle campagne publicitaire. Il était donc assez logique de croiser le géant russe du gaz, Gazprom, au Grand-Palais lors du salon « Solutions COP21 », expliquer dans une belle plaquette1 que « le gaz naturel représente le meilleur atout pour relever le défi du changement climatique et contribuer à la décarbonisation du secteur de l’énergie ». EDF ou Areva n’aurait pas mieux dit du nucléaire.

Mais le gaz n’est pas forcément aussi « propre » que cela. Certes, le gaz fossile « conventionnel » est moins dangereux pour le climat que le charbon car il émet presque deux fois moins de gaz à effet de serre mais ça n’est pas le cas du gaz de schiste dont l’exploitation génère d’importantes fuites de méthane qui viennent plomber cet avantage comparatif. Surtout, cela ne règle pas le problème de fond et l’urgence à laisser une grande partie des énergies fossiles dans le sol (dont au moins la moitié des réserves de gaz connue selon une étude publiée dans Nature en janvier 2012).
Aujourd’hui, le système énergétique français est complètement verrouillé par le choix du nucléaire : absorption d’une grande partie des crédits de recherche
au détriment des énergies renouvelables, réseau de distribution hypercentralisé (lignes très haute tension) ou encore lobbying intensif pour continuer d’imposer le chauffage électrique dans les logements. Le pire est que la plupart des réacteurs ont été construits il y a plus de 30 ans et arrivent simultanément en limite d’âge.
Nous devons fermer les centrales nucléaires au plus vite pour éviter un accident majeur. Et dans cette phase transitoire, avoir recours au gaz ?
Le point commun à la nécessité de sortir au plus vite du nucléaire et des énergies fossiles, c’est de consommer moins d’énergie ! Or, nous le voyons bien avec le développement de la voiture électrique ou de la publicité, maintenant en vidéo sur des
panneaux toujours plus grands, nous organisons notre inexorable fuite en avant.
Se battre pour la fermeture d’une centrale à charbon, d’un gazoduc ou d’une centrale nucléaire, c’est s’attaquer à la même racine du problème, déverrouiller un système énergétique basé sur la consommation sans limite et ouvrir un vrai débat sur nos besoins !

Sylvain Angerand Amis de la Terre France