Climat-ÉnergieFinance
23 août 2005

Petite histoire de la Coface

Chaque année, le gouvernement français consacre environ soixante de milliards de francs pour soutenir des exportateurs comme Vivendi, Total, Areva, Bouygues, Dassault, ... Les soutiens appelés "garanties de crédit à l'exportation" aident des entreprises françaises à investir dans de gros projets à l’exportation.

Malgré plusieurs campagnes organisées par des associations, ces financements continuent à être gérés par le Ministère des Finances dans la plus totale opacité. Les projets s’effectuent sans véritable consultation des populations concernées, malgré des conséquences sociales et  environnementales majeures. La mobilisation de l’opinion publique s’impose. Les Amis de la Terre, réseau associatif d’un million de membres présents dans 68 pays, militent pour l’intégration du concept de développement durable dans les politiques publiques et privées. Pour eux, la politique publique de soutien aux exportations doit permettre un développement durable et équitable dans le respect des droits fondamentaux des
populations concernées.

La compagnie française pour l’assurance du commerce extérieur, la COFACE, gère le mécanisme le plus important de soutien de l’État aux exportateurs. Créée en 1946 puis privatisée en 1994, elle est cotée en bourse depuis février 2000. Elle continue cependant, à côté d’activités privées, à gérer pour le compte et sur instruction du gouvernement la garantie des grands contrats civils et militaires d’exportation.

Un mécanisme de garantie publique

Le mécanisme est simple : lorsque l’importateur (étranger) risque de ne pas rembourser la facture, l’exportateur (français) qui a souscrit un contrat d’assurance avec la Coface, la sollicite pour qu’elle le paie en se substituant au client défaillant. Si le montant des indemnisations versées par la Coface est supérieur au montant des primes d’assurance perçues, elle pioche légalement dans le budget public. Dans les décennies 80 et 90, l’Etat français a payé au total 101 milliards de francs (un nouveau Crédit Lyonnais) pour couvrir les déficits enregistrés par la Coface !

Des agences discrètes mais puissantes

Chaque pays riche a créé une agence pour soutenir ses exportations. Extrêmement discrètes et particulièrement opaques, elles ont un poids colossal au niveau mondial : en 1996, elles ont garanti plus de 432 milliards de dollars de contrats, soit plus de 10 % du commerce mondial.

Le crédit liberal : pas d’aide au développement, des investissements privés !

La promotion des investissements privés dans les pays du Sud est le nouveau crédo des pays du G7. Les engagements
annuels des agences publiques de crédit à l’exportation dans les pays en développement ont quintuplé entre 1988 et
1996. Inversement, l’aide publique au développement baisse régulièrement, contrairement aux engagements des pays
riches.

Plus de la moitié des investissements des agences de crédit à l’exportation dans les pays en développement sont
consacrés à de grands projets d’infrastructure et d’énergie (barrages, mines, centrales électriques, exploitation pétrolière
et gazière, usines chimiques).