Pollution de l'air et transports
6 septembre 2009

Réinventer la ville

Les dérèglements climatiques joints à la fin inéluctable du pétrole obligent les sociétés industrielles à revoir leur mode de développement fondé sur une consommation débridée d’énergies fossiles.

La ville contemporaine, avec ses extensions, est accro au
pétrole. De nouveaux boulevards, rocades à 6 voies, échangeurs,
ronds points surdimensionnés, se construisent chaque jour
pour entretenir le mythe de la vitesse. Le droit à la circulation,
interprété comme un droit sans limite à la mobilité, favorise la
création de pôles urbains de plus en plus étalés séparés par
des déserts ruraux. L’architecture, consommatrice d’énergie,
fait fi de son environnement et y supplée par la climatisation et
un éclairage excessif. Une ville où l’on ne produit plus, mais
où l’incinérateur tente d’effacer les scories de biens fabriqués
à des milliers de kilomètres. Prise du délire de la compétition,
les métropoles se lancent dans une course à la tour la plus
haute. Symbole d’une surconcentration, elle ne se révèle à
l’examen ni dense, ni écologique, ni mixte.

Une ville sensorielle

Pour les Amis de la Terre, il est urgent de réinventer la ville.
Celle du partage, sensorielle, accessible à tous. Une ville rendue
fluide par des transports doux et collectifs performants, et un
réseau dense bien maillé. Une ville, véritable puits de carbone,
dans laquelle les matériaux de constructions à très faible énergie
grise seront essentiellement naturels et renouvelables. Une
architecture sur 4 à 5 niveaux, adaptée aux conditions
d’implantation pour favoriser l’usage d’une énergie naturelle,
qui créera un tissu urbain à dimension humaine et aux rythmes
variés. Où la cohabitation à l’échelle d’immeubles, d’îlots ou de
quartiers permettra de mutualiser espaces, équipements et services.
Où les déchets, essentiellement organiques, seront recyclés en
compost et enrichiront les surfaces utiles agricoles et les jardins
partagés nichés au coeur du bâti et des équipements.

Nourrir l’imaginaire

La ville n’a de sens que si sont pensés ensemble transports,
urbanisme, architecture et gouvernance, la démocratie locale
devant être la brique de base de la délibération fédérale. On
peut reconnaître à certaines municipalités des tentatives de
concertation qui à ce jour restent sans effet mobilisateur.
Le rapport de la commission « Balladur » sur la réforme des
institutions aurait pu être l’occasion de fonder une nouvelle
répartition territoriale mieux ajustée à la pratique démocratique.
Occasion manquée : elle met en musique une recentralisation
qui ne dit pas son nom pour cause de suppression de nombreuses
taxes locales. Ailleurs, des villes bougent, entrent en
transition comme au Royaume-Uni et déjà ailleurs en Europe,
ou fonctionnent d’une autre façon, comme Curitiba au Brésil
ou Villa El Salvador au Pérou. Ce qui manque aujourd’hui en
France est l’imaginaire des projets d’urbanisme. Aux Amis de
la Terre de les nourrir pour favoriser enfin et vraiment l’intérêt
des habitants pour leur ville et leur participation à son devenir.

> LE CONSEIL FÉDÉRAL DES AMIS DE LA TERRE


Photo : La conteuse Jocelyne Bisbal et son public, au jardin partagé Crimée-Thionville pendant la Fête des Jardins 2006. Crédit : jalb sous licence Creative commons.