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Climat-ÉnergieFinance
5 juillet 2016

Société Générale doit blacklister EPH qui entend racheter les actifs charbon d’Edf et de Vattenfall

Mais qui finance EPH, l'entreprise tchèque qui vient de racheter les actifs charbon de Vattenfall et pourrait demain acquérir la centrale de Rybnik d'Edf en Pologne ?

9 banques internationales, dont Société Générale. Depuis 2012, elles ont versé 3 milliards d’euros de financements à EPH qui est en voie de devenir le troisième producteur d’électricité le plus polluant de tout le continent, après seulement 7 années d’existence.Par une lettre ouverte à ces 9 banques, plusieurs ONG, dont les Amis de la Terre leur demandent de cesser tout soutien à EPH.

EPH, voilà une toute petite entreprise, encore peu connue, mais qui est en voie de devenir le troisième producteur d’électricité le plus polluant de tout le continent, après seulement 7 années d’existence. Car depuis sa création en 2009, l’entreprise tchèque rachète les actifs dont souhaitent se désinvestir d’autres entreprises, comme la suédoise Vattenfall ou encore EDF, notamment en Europe de l’Est..

Avec près de 14GW de capacité charbon déjà achetée, dont notamment l’acquisition des actifs de Vattenfall autorisée par l’Etat suédois ce weekend, l’entreprise émettra près de 82 millions de tonnes de CO2 par an. Car l’entreprise agit comme un fonds vautour, pariant contre le marché, et rachetant les actifs charbon les plus émetteurs, jugés les plus risqués, et les moins rentables. Ainsi 75% de la capacité acquise par EPH est constituée de centrales alimentées au lignite, la forme de charbon la plus polluante,

Et l’entreprise n’a pas pour projet de s’arrêter là. Au contraire, puisque la vente de nombreuses centrales à charbon est attendue en Europe dans les mois à venir. EPH souhaite aujourd’hui racheter une centrale d’Edf, Rybnik, une centrale de 1.7GW située en Pologne, notoirement connue pour être la plus polluante d’Europe. Selon le rapport Dark Cloud Report, Rybnik causerait 480 morts prématurées par an. Et à l’opposé de nombre d’entrerpises européennes souhaitant couper tout lien avec cette énergie qui nuit au climat et à leur réputation, EPH veut aussi acquérir des mines de lignite avec plus 2.5 milliards de tonnes de réserves et en développer deux autres en Allemagne de l’Est.

Cette expansion massive n’aurait pas été possible sans les généreux apports financiers de grandes banques internationales, parmi lesquelles se trouve Société Générale. Depuis 2012, EPH a bénéficié de 3 milliards d’euros de prêts délivrés par Société Générale, UniCredit, Citibank, ING Bank, Raiffeisen Bank, HSBC, Commerzbank, JPMorgan Chase et The Royal Bank of Scotland.

Par une lettre ouverte envoyée à toutes ces banques, E3G, BankTrack, urgewald, Sandbag et les Amis de la Terre leur demandent de s’engager à ne plus octroyer de nouveaux financements à EPH et à ses filiales, et à ne pas refinancer des obligations existantes liées à l’achat d’actifs dans les énergies fossiles 1.

EPH a identifié le développement des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique comme une menace sérieuse à leur rentabilité de ses centrales à charbon et au gaz 2, et l’entreprise va sans aucun doute maintenir en opération aussi longtemps que possible afin de garantir un retour maximum sur ces investissements. Cela ne peut que aller à l’encontre des efforts européens de réduction des émissions de CO2 et de l’Accord de Paris.

Société Générale s’est engagée à tout faire pour mettre en oeuvre l’Accord de Paris et à aligner ses financements avec un scénario 2°C. Financer EPH n’est clairement pas compatible avec ses engagements et la banque doit donc immédiatement l’exclure de ses soutiens. Les entreprises françaises dont l’Etat est actionnaire, quant à elles, doivent fermer et non pas vendre leurs actifs charbon, en accompagnant les travailleurs et en assurant la réhabilitation des sites.

Contact presse:

Lucie Pinson (Friends of the Earth – France), Private Finance & ECA Campaigner, +33 9 72 43 92 62, lucie.pinson@amisdelaterre.org

Notes
2

https://www.greenpeace.de/sites/www.greenpeace.de/files/publications/bundesanzeiger-jtsd2014konzern.pdf