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MultinationalesSurproduction
10 juin 2020

Encadrer la pub : un impératif démocratique et écologique

Les Amis de la Terre France, Résistance à l'agression publicitaire et Communication sans frontières, en partenariat avec l’Observatoire des multinationales, publient un rapport intitulé "BIG CORPO. Encadrer la pub et l’influence des multinationales : un impératif écologique et démocratique".

Élaboré en lien avec des experts universitaires et avec les apports des 22 associations1, ce rapport décortique le rôle central de la publicité et la communication des multinationales dans la surconsommation, mais aussi leur utilisation comme outil de lobbying.

Il contient des recommandations concrètes pour réguler ces activités d’influence des entreprises et donner, dans le monde d’après, plus de place aux discours citoyens.

Publication
couverture synthèse rapport Big Corpo
Rapport

Synthèse Rapport BIG CORPO

La publicité, moteur de la surconsommation

Véhicules polluants, week-ends en avion, fast-food et fast-fashion : le rapport montre que les plus de 30 milliards d’euros annuels de dépenses de communication commerciale en France engendrent directement des phénomènes de surconsommation de produits controversés. 

La publicité influence en effet les consommateurs en dehors de leurs choix conscients : travaillant notamment sur le désir même de l’acte d’achat, elle peut mener à des phénomènes de consommation de masse qui n’auraient pas eu lieu sans stimulation publicitaire.

La pub et le marketing nous poussent à dévorer et polluer la planète. Au nom de l’impératif écologique, l’État doit maintenant poser des limites : réguler les discours pour lutter contre les incitations à la surconsommation, et interdire les supports polluants comme les écrans numériques.

Marie Cousin
Présidente de Résistance à l’agression publicitaire

La communication « corporate » ou « RSE » comme outil d’influence politique

Les campagnes de communication dites « corporate », de certaines industries sur leur « responsabilité sociétale », contribuent à façonner une image trompeuse dans l’opinion, pour protéger leur valeur financière et influencer les décideurs politiques.

Au travers de leurs chartes éthiques et rapports développement durable, les multinationales essaient de cacher leurs mauvaises pratiques et se façonner une image “verte” et “responsable”.

Elles utilisent aussi la publicité à des fins directe d’influence politique, allant jusqu’à mettre en scène des travailleur.se.s ou citoyen.ne.s reprenant leurs arguments. C’est ainsi que les industries fossiles ont commencé à vanter le mythe du “gaz propre” en vue de la COP21 en 2015, ou qu’Amazon a multiplié les publicités dans les médias ces derniers mois, faisant évoluer leur contenu en fonction des critiques de la société civile : sécurité sanitaire dans leurs entrepôts, création d’emploi etc… autant de mensonges véhiculés à grande échelle par la publicité.

Juliette RENAUD

En plus d’alimenter la surconsommation, la publicité des multinationales sert aussi de façon sournoise à des fins de lobbying. En blanchissant leur image, elles trompent les décideurs politiques et leur font croire qu’il n’y a pas besoin de les réguler puisqu’elles sont soi-disant déjà « vertes » et « responsables ». Les laisser dire ce qu’elles veulent participe donc à leur impunité ! »

Juliette Renaud
Responsable de campagne sur la Régulation des multinationales aux Amis de la Terre France

L’influence croissante des annonceurs sur les médias et l’espace public

Au-delà de son omniprésence dans l’espace public, le marché publicitaire permet aux annonceurs d’exercer une influence éditoriale réelle sur les médias et, par la publicité ciblée sur internet, d’organiser une surveillance de masse.

La citoyenneté et l’information ne sont pas des produits de consommation. Il est fondamental de redonner aux citoyens, aux ONG et aux médias la liberté et les moyens de diffuser leurs discours, sans qu’ils soient condamnés, pour exister, à singer les pratiques publicitaires des multinationales ou participer à leur blanchiment d’image.

Bruno-Georges David
président fondateur de CSF

Des solutions existent

Le rapport formule également plus de 20 propositions concrètes qui se structurent en quatre grands axes :

  • lutter contre la pollution directe des activités publicitaires ;
  • instaurer des mécanismes de régulation indépendante des discours des entreprises ;
  • engager des réformes économiques pour réduire la pression commerciale ;
  • soutenir l’indépendance des médias et les discours des associations citoyennes.
Notes
1

Le rapport a été coordonné par les Amis de la Terre France, RAP et CSF, écrit en partenariat avec l’Observatoire des multinationales, dans le cadre du programme « SPIM », avec des apports des associations suivantes : Action Aid France, ACRIMED, AlterEU, CCFD – Terre Solidaire, Collectif Ethique sur l’étiquette, foodwatch Framasoft, Halte à l’ Obsolescence Programmée, Institut Veblen, Lève les yeux, La Quadrature Du Net, Paysages de France, Réseau Anti-arnaques, Résistance à l’Agression Publicitaire, RITIMO, Sciences citoyennes, Sherpa, Sites et Monuments, ZeroWasteFrance.