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Communiqué de presse16 septembre 2016

En Colombie, charbon et meurtres sont toujours liés

Menaces et violence sont toujours des réalités quotidiennes à César, le bassin minier colombien où des entreprises européennes comme EDF ou ENGIE achètent du charbon de sang pour leur approvisionnement en énergie. Une étude menée par l'organisation pour la paix PAX montre que, dans la région de César, au moins 200 personnes ont été victimes de tentatives d'assassinat et de menaces de mort lors des quatre dernières années. Cette situation dramatique est extrêmement urgente. Le 11 septembre 2016, Nestor Ivan Martinez, leader de l'une des communautés s'opposant à l'expansion de la mine, a été assassiné. C'est pourquoi PAX et ses partenaires, dont les Amis de la Terre, réitèrent leur appel à ce que les entreprises européennes mettent fin à leurs achats de charbon provenant de César.

Pour le responsable des programmes chez PAX, Joris van de Sandt : “Pax a toujours prévenu les entreprises énergétiques qui achetaient du charbon de sang provenant de César que les personnes qui menaient campagne localement pour la justice et la réparation continuaient d’être victimes de violence et de menaces de mort. Malgré ces avertissements, les entreprises énergétiques – exception faite de l’entreprise danoise DONG, continuent d’utiliser du charbon de sang pour éclairer des millions de foyers européens. PAX affirme que ces entreprises énergétiques devraient immédiatement interrompre leurs achats de charbon de sang, comme un levier pour s’assurer que les violences actuelles s’achèvent et que les victimes des violences paramilitaires précédentes reçoivent les réparations auxquelles elles ont droit. »

Assassiné devant sa famille

L’étude menée par PAX montre la prévalence d’une culture de violence et d’intimidation dans la région minière. En 4 ans, depuis 2012, au moins 200 personnes ont été attaquées à l’arme automatique et à la machette ou ont reçu des textos, appels et pamphlets de menaces de mort. Nestor Ivan Martinez, leader de la communauté afro-colombienne résistant à l’expansion de mines détenues par la compagnie nord-américaine Drummond, a été assassiné devant sa famille le 11 septembre 2016. Cet assassinat faisait suite à une menace de mort du 25 août, à Chiriguana. C’est dans ce même village que le père de Maira Mendez, qui était en France en mai 2016, avait également été assassiné devant sa famille. Maira Mendez transmet ses préoccupations concernant la poursuite des violences et répète sa demande envers les entreprises énergétiques de mettre fin à l’achat du charbon.

Des milliers de personnes affectées

De sérieuses indications montrent que des groupes liés aux paramilitaires AUC, qui ont assassiné 3 100 personnes et déplacé 55 000 habitants entre 1996 et 2006, seraient la source de la terreur actuelle. Plus de 200 personnes qui ont été menacées directement sont mobilisées pour les droits des victimes des vagues de violence précédentes, ainsi que pour l’obtention de meilleures conditions de travail. Indirectement, ce sont plusieurs milliers de personnes qui sont affectées par la terreur, qui vise délibérément à paralyser la société civile afin de préserver le statut quo établi par les paramilitaires responsables de la violence entre 1996 et 2006.

Nouveaux témoignages sur le rôle des compagnies minières

L’étude de PAX est publiée en même temps qu’un rapport gouvernemental “La Maldita Tierra” concernant l’augmentation des violences des paramilitaires dans la région minière de César et les facteurs économiques liés à cette violence. Ce rapport inclut trois nouveaux témoignages d’ex-paramilitaires à propos de la collaboration supposée entre les entreprises minières Drummond et Prodeco/Glencore, et les paramilitaires AUC. Selon les témoins, cela inclurait des réunions secrètes, l’échange d’informations et des services financés. PAX avait déjà investigué sur les violations graves des droits humains dans la région minière dans son rapport de 2014 “The Dark Side of Coal”.

Communiqué de presse traduit de l’anglais pour l’organisation PAX.

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