méthanier en Arctique
Climat-Énergie
Communiqué de presse1 février 2021

Nord Stream II : la France fait l’impasse sur ses propres responsabilités vis-à-vis de la Russie en matière de politique énergétique

Le secrétaire d’Etat aux affaires européennes Clément Beaune a affirmé ce matin que la France était favorable à l’abandon par l’Allemagne du projet de gazoduc Nord Stream II, en réaction aux actes de répression de l’opposition et des manifestants perpétrés par le Kremlin.

Les Amis de la Terre France appellent le gouvernement à balayer devant sa porte 1, alors qu’Engie dont il est le principal actionnaire est l’un des partenaires du projet. Ils l’appellent également à faire preuve de cohérence, en s’engageant publiquement à ne plus soutenir financièrement tout développement gazier en Arctique russe, et plus particulièrement le projet Arctic LNG II de Total.

Lorette Philippot, chargée de campagne finance privée aux Amis de la Terre France, réagit : “Nord Stream II n’est pas seulement un projet entre l’Allemagne et la Russie, porté par une entreprise russe. C’est aussi un projet d’Engie, qui s’est engagée à le financer à hauteur de 950 millions d’euros 2. L’Etat français doit prendre ses responsabilités en tant qu’actionnaire et sommer Engie de se retirer du consortium formé pour construire le gazoduc, comme il l’a fait il y a quelques mois lorsque l’énergéticien prévoyait de signer un méga contrat d’importation de gaz de schiste américain 3”. Pour assurer la sécurité de son approvisionnement, des analyses indépendantes ont démontré que l’Europe n’avait pas besoin de construire de nouvelles infrastructures gazières. 4 L’opposition entre gaz de schiste américain et gaz russe est stérile et fait fi de l’enjeu climatique. 

Nord Stream II n’est pas le seul projet gazier impliquant des acteurs français en Russie, auquel le gouvernement pourrait s’opposer. Sur la péninsule de Gydan en Arctique, Total développe un projet appelé Arctic LNG II, que le gouvernement s’apprête à soutenir financièrement aux côtés d’autres pays (Chine, Japon, Allemagne, Italie) via une garantie à l’exportation. 5 6 En 2017, Bpifrance avait déjà financé le mégaprojet gazier Yamal LNG. 

Il est facile pour le gouvernement français d’appeler l’Allemagne à abandonner le projet de gazoduc Nord Stream II. Nous aimerions l’entendre aussi sur les projets gaziers de Total dans l’Arctique russe. Par souci de cohérence, la France doit s’engager à ne pas les soutenir financièrement et dissuader tout investissement de Total dans cette région, au lieu de les encourager.” réagit Cécile Marchand, chargée de campagne climat et acteurs publics aux Amis de la Terre France.