Engrais, agriculture, champs, maraîchage
Agriculture
15 octobre 2021

Hausse des prix du gaz : notre dépendance aux engrais menace notre sécurité alimentaire.

Il est peut-être difficile de voir au premier abord le lien entre la récente hausse des prix du gaz et le monde agricole. Pourtant, cette crise énergétique pourrait avoir de lourds impacts sur les agriculteurs·trices et la sécurité alimentaire. La faute à notre dépendance aux engrais de synthèse, qui sont produits à partir du gaz...

Prix du gaz : le prix de notre addiction aux engrais azotés de synthèse

Le prix du gaz a augmenté de 300% par rapport au début de l’année 2021, cela avant même d’entrer en période hivernale. Aujourd’hui, tous les engrais azotés de synthèse sont fabriqués à partir de gaz fossile. Par conséquent, en moins d’un an, le prix des engrais azotés a doublé, et presque triplé pour certains d’entre eux, jusqu’à atteindre des niveaux jamais observés depuis une décennie.

La production d’engrais devient ainsi beaucoup moins rentable pour les industriels, voyant le coût de production exploser. Ils ont donc récemment décidé de mettre temporairement à l’arrêt certaines usines ou de réduire leur production.

Ainsi, Yara, la multinationale norvégienne leader sur le marché européens des engrais de synthèse, a décidé de réduire sa production d’ammoniac de 40% (l’ammoniac est la base nécessaire à la fabrication des engrais azotés de synthèse), raréfiant ainsi encore l’approvisionnement pour les agriculteurs, ce qui ajoute un facteur supplémentaire de hausse des prix.

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Publication

Engrais chimiques : destructions en tout discrétion

Une agriculture sous perfusion des engrais azotés de synthèse : un danger pour notre sécurité alimentaire.

La France : ultra-dépendante aux engrais de synthèse dont elle ne maitrise pas l’approvisionnement

La France est championne d’Europe de la consommation d’engrais de synthèse, avec plus de 2 millions de tonnes vendues chaque année aux agriculteurs. 85% de l’azote apporté au sol en France provient de ces engrais. Pourtant, elle ne fabrique que 40% des engrais qu’elle consomme, et même pour les engrais fabriqués en France il est nécessaire d’importer la totalité des matières premières.

La dépendance aux engrais impacte le prix des denrées alimentaires

« Le coût des engrais est l’un des principaux moteurs de l’inflation alimentaire mondiale actuelle, car les prix des trois groupes de nutriments –potasse, phosphate et azote– sont à des niveaux jamais observés depuis environ une décennie », alerte ainsi Elena Sakhnova, analyste d’une banque d’investissement.

Qui sont les premier·es impacté·es ?

La réponse est simple : les agriculteurs·rices. Certain·es ont repoussé leurs achats en espérant des jours meilleurs, et se retrouvent désormais à devoir acheter des engrais à des prix phénoménaux. Selon les expert·es, la hausse des prix n’est pas près de s’arrêter. Contrairement à Yara, dont le chiffre d’affaire est d’environ 12 milliards de dollars US, les agriculteurs·rices ne peuvent pas se permettre de mettre en pause leur activité – mais pour combien de temps encore ? La gronde commence à enfler.

Que faut-il donc faire face à ce phénomène ?

Face à cette problématique qui enfle, il est urgent de briser le cercle de notre dépendance aux engrais azotés de synthèse. Pourtant, le gouvernement n’a pas saisi les deux opportunités qu’il avait d’agir en cette fin de quinquennat, en proposant une Loi Climat et une PAC vides sur le sujet.