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Surproduction
11 février 2018

L’accès aux pièces détachées pour réparer et ré-utiliser

La réparation est un enjeu crucial pour allonger la durée de vie de nos produits électriques et électroniques. Aujourd'hui pourtant, il est souvent plus pratique de racheter un bien que de le réparer. En cause ? Le prix excessif de la réparation et l'indisponibilité des pièces détachées.

Témoignages : des prix exorbitants pour réparer

  • « A l’AppleStore, la manager me demande 800 euros pour la carte mère qui ne remarchera pas dans 3 mois à 1 an »,
  •  » si vous cassez votre iPhone X, la somme à débourser est de 611,10 euros ! »
  • « Un tarif astronomique qui s’explique par le remplacement complet de l’appareil »,
  • « J’ai fait réparer une télécommande Volvo pour 60€… Volvo voulait me la remplacer pour 300€ »,
  • « Bosch facture 400 euros l’appareil de reprogrammation de ses produits »,
  • « Darty vend le petit sabot en plastique de mon rasoir électrique Philips 20,98 euros, quasiment le prix d’un bien neuf a ajouté le vendeur… »

Sur internet, nombreux sont les consommateurs dénonçant les prix exorbitants des pièces détachées et de la réparation proposés par les fabricants. Cela coïncide avec l’expérience des réparateurs indépendants pour qui, dans l’électroménager ou l’électronique, le frein le plus puissant à la réparation réside dans le prix beaucoup trop élevé des pièces.

Les Amis de la Terre publient un document d’analyse

Dans le cadre de l’élaboration de la Feuille de route économie circulaire du Gouvernement, les Amis de la Terre publient une note de plaidoyer dévoilant les difficultés grandissantes des consommateurs et des réparateurs pour accéder à des pièces détachées à des prix abordables.

Publication
Allonger la durée de vie des produits : nos demandes
Rapport

Nos demandes pour allonger la durée de vie des produits

Pour réparer, la palme de la pire marque pour Apple ?

Sur internet, les forums de consommateurs ou d’amateurs de nouvelles technologies regorgent de témoignages édifiants sur des tarifs de réparation parfois exorbitants. Parmi les derniers scandales en date, les nouveaux modèles Mac book Touch Bar, dont l’intégralité des composants – batterie exceptée – sont désormais soudés1 ! Il va sans dire que cela limite grandement les capacités d’intervention des réparateurs de proximité – les réparateurs d’iFix It s’y sont cassé les dents – et a fortiori des consommateurs eux-mêmes. Cela permet également à Apple de propulser le prix des pièces et de l’intervention dans des sphères stratosphériques. Sur le forum de macgénération.com, un client se plaint ainsi de ne plus pouvoir changer seul le disque dur de son nouveau Mac Book, acte qu’il avait l’habitude de réaliser lui-même et qui lui avait permis de prolonger la vie de son ancien ordinateur de 3 ans. Il est désormais obligé de passer par la firme qui lui facture le remplacement 500 euros2 (pour des pièces dont les prix se situent en moyenne en dessous de 200 euros). Nous avons également beaucoup entendu parler du prix salé du nouvel iPhone X, que diront les clients lorsqu’ils s’apercevront que leur téléphone acheté à 1159 euros, leur coûtera 611 euros pour être réparé3 !

Certes, le cas de la marque à la pomme est superlatif, mais nous pouvons bel et bien parler de crise de l’accessibilité de la réparation pour de nombreux produits. Pièces indisponibles ou coûtant plus de la moitié du prix d’un modèle neuf : les expériences concrètes de nos adhérents ou recueillies sur les forums d’usagers sont un reflet fidèle des statistiques qui témoignent d’une baisse importante des dépenses de réparation ces dernières années. En 2007, 56% des appareils en panne n’étaient pas réparés et le chiffre tombait à 20% pour les appareils hors garantie. La situation aurait encore empiré depuis.

Disponibilité et prix : deux freins à la réparation

La disponibilité des pièces détachées a déjà été identifiée par l’ADEME comme un frein important à la réparation4 . Mais les réparateurs, en France ou en Allemagne5 , expliquent que leur prix représente un enjeu tout aussi primordial. Il serait faux de penser que le prix des pièces détachées est simplement le fruit d’économies d’échelle. En réalité, les constructeurs ont les moyens de le réduire en ne créant pas des sous-ensemble de pièces soudées entre elles ou en ne réalisant pas des marges excessives… La véritable question est : le souhaitent-ils ou non ?

Dans le cadre de la Feuille de route économie circulaire qui doit paraître en mars prochain, Les Amis de la Terre invitent le Gouvernement à s’attaquer à cette question s’il souhaite véritablement soutenir et développer la réparation.