AutresClimat-Énergie
11 avril 2013

Tout grand projet est inutile

De Notre-Dame-des-Landes au Grand Paris, de la ligne TGV Lyon-Turin et LGV Sud-Ouest à l'EPR de Flamanville, les pouvoirs publics veulent nous imposer de faramineux projets d’urbanisation et d'aménagement du territoire sous couvert de progrès.

De Notre-Dame-des-Landes au Grand Paris, de la ligne TGV Lyon-Turin et LGV Sud-Ouest à l’EPR de Flamanville, les pouvoirs publics veulent nous imposer de faramineux projets d’urbanisation, d’aménagement du territoire, de sites industriels, sous couvert de progrès, de désenclavement des territoires, de création d’emplois et de développement local. Ces arguments cachent en réalité des intérêts tout autres. A Nantes, le projet de « futur nouvel aéroport », a connu bien des avatars depuis quarante ans : lieu d’accueil du Concorde, « Rotterdam aérien » et autres faramineux projets qui n’ont jamais vu le jour. Aujourd’hui, il s’inscrit dans un plan global pour la compétitivité économique de la région Grand Ouest, censé attirer investissements et entreprises. Mais ici comme ailleurs, le « développement loca l» va consister d’abord à bétonner des terres agricoles, un écosystème précieux, à détruire des lieux de vie.

A Paris et dans sa région, un projet semblable, le Grand Paris, qui trouve sa justification apparente dans l’amélioration du réseau des transports, vise en fait à reconfigurer les pôles urbains au mépris du cadre de vie, et bien-sûr de la volonté des populations. Ce projet va renforcer encore plus l’hypertrophie de l’Ile-de- France, préjudiciable aux autres régions, en concentrant l’activité économique et l’emploi sur quelques pôles (La Défense, Saclay, Grand Roissy…).

Ces grands projets s’inscrivent dans un processus de métropolisation où les capitales régionales et nationales se livrent à une âpre concurrence visant à attirer les capitaux et les classes aisées. Nantes concurrencera Toulouse ou Bordeaux, Paris, Londres ou Tokyo, et tout autour, ça sera le désert.

Les points communs entre ces projets sont nombreux, du déni de démocratie à une politique menée au seul profit des multinationales, de la destruction des dernières terres agricoles à l’accentuation du réchauffement climatique et des atteintes aux écosystèmes, avec bien entendu encore plus de spéculation foncière et tout le cortège des expulsions, exclusions, gentrification, privatisation et aménagement sécuritaire de l’espace public.

Aujourd’hui, tout grand projet, quelques soient les motifs qui le justifie, est inutile pour la grande majorité de la population, forcément imposé du fait même de son échelle, et néfaste en fin de compte.

Ces gigantesques projets dessinent un monde dont nous ne voulons pas, nous dépossédant de nos territoires comme du choix de nos modes de vie. Pour nous, il s’agit bien, à l’exemple de Notre-Dame des landes, de combattre « l’aéroport et son monde ».

A ce modèle, nous opposons un monde inventé par nous tou-te-s. Nous sommes capables de (re)créer nos propres quartiers, nos propres territoires, écologiques et populaires, sur la base d’activités de production et d’échanges relocalisées, de transports en communs de proximité, de circuits courts de distribution. Nous sommes tout autant capables de les gérer, sur la base de processus démocratiques eux aussi relocalisés, fédéraux, participatifs, visant à une responsabilisation de l’ensemble des citoyens. Pour que fleurissent et s’épanouissent mille petits projets utiles et décidés par tous.

> ALAIN DORDE


Dessin : David Cochard.