Photo CP - Climate Finance Day 2021 - crédit Vincent Plagniol
Crédit photo : Vincent Plagniol
Finance
Communiqué de presse26 octobre 2021

Action : L’urgence climatique retentit au Climate Finance Day

Les Amis de la Terre France et Alternatiba Paris ont mené ce matin une action de désobéissance civile au Climate Finance Day, faisant raisonner l’urgence climatique pendant le discours d’ouverture de Bruno Le Maire.

À l’occasion du dernier Climate Finance Day du mandat d’Emmanuel Macron et à la veille de la COP26, les activistes exigent que le gouvernement impose immédiatement aux acteurs financiers de cesser tout soutien à l’expansion pétrolière et gazière, alors que les financements des grandes banques françaises aux énergies fossiles ont près de doublé depuis la COP21 et l’adoption de l’Accord de Paris sur le climat 1.

Ce matin, 18 activistes des Amis de la Terre France et d’Alternatiba Paris se sont invités au Climate Finance Day et ont interrompu puis suspendu la tenue de la conférence et la prise de parole de Bruno Le Maire pour dénoncer l’absence de réaction du gouvernement face aux soutiens massifs des acteurs financiers aux énergies fossiles et à la vacuité de leurs engagements sur le climat. Les activistes ont « sonné l’alerte climatique », faisant retentir de nombreuses alarmes portatives dans l’enceinte du Grand Auditorium et affichant les messages « Votre finance, nos vies », « Macron, champion de la finance fossile », « Stop à l’expansion du pétrole et du gaz ».

La communauté scientifique, l’Agence internationale de l’énergie, les Nations Unies sont en effet tous unanimes : pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C il faut impérativement renoncer à développer les hydrocarbures. En dépit de cette priorité climatique et politique, les financements des grandes banques françaises aux énergies fossiles ont augmenté d’en moyenne 19 % par an entre 2016 et 2020, totalisant plus de 250 milliards d’euros. AXA reste pour sa part l’un des principaux assureurs de l’industrie pétro-gazière. Ces institutions n’ont même pas cessé d’alimenter l’expansion des secteurs les plus nocifs pour l’environnement et les populations, comme les hydrocarbures de schiste, les forages en Arctique ou en eaux très profondes.

Pour Lorette Philippot, chargée de campagne finance privée aux Amis de la Terre France : « Depuis 2018, les Climate Finance Day consécutifs ont été l’occasion pour le gouvernement de mettre en scène son soi-disant leadership en matière de finance durable. Depuis trois ans, Bruno Le Maire monte à la tribune pour s’indigner des changements climatiques mais s’en remet au seul bon vouloir des multinationales financières pour y remédier,. Résultat : absolument rien n’a empêché nos banques de remporter en 2020 la place de premières financeuses d’Europe des énergies fossiles. C’est une honte nationale. Nous sommes déterminés à le rappeler au ministre et au président aujourd’hui, à l’occasion de ce nouveau sommet du greenwashing et à quelques jours de l’ouverture de la COP26 ».

 

En particulier, aucun des principaux établissements français – BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale, AXA – n’a présenté de stratégie crédible de sortie des pétrole et gaz non-conventionnels, comme demandé par Bruno Le Maire au Climate Finance Day 2020. Les grandes banques ont préféré s’en tenir à annoncer il y a une semaine des engagements dérisoires sur les sables bitumineux et hydrocarbures de schiste 2. Face à cet échec pourtant lourd de conséquence, Bruno Le Maire s’est contenté de dire que les engagements sur les pétrole et gaz non conventionnels n’allaient pas assez loin mais n’a même pas formulé de demande précise pour garantir que son appel lancé il y a un an ne reste pas lettre morte.

Bruno Le Maire s’est également exprimé sur les subventions publiques aux énergies fossiles, disant qu’elles sont un problème. Il n’a pourtant rien annoncé sur l’abandon de la subvention publique au méga-projet gazier Arctic LNG 2 de TotalEnergies 3, laissant porte-ouverte à un soutien public à ce projet. « Cette absence d’annonce est scandaleuse », commente Lorette Philippot : « Le gouvernement doit s’engager immédiatement à ne pas accorder de financements publics au projet Arctic LNG 2 et doit mettre dès ce jour fin à tout financement export à de nouveaux projets d’énergies fossiles comme l’a déjà fait de Royaume-Uni, qui accueillera dans quelques jours la COP26 ».

Marie Cohuet, porte-parole d’Alternatiba Paris, conclut : « Alors que cet été le dernier rapport du GIEC a été une nouvelle sonnette assourdissante exhortant les États à l’action, le gouvernement français est aujourd’hui encore démissionnaire, préférant les beaux discours aux véritables mesures politiques. S’en tenir à des engagements aussi flous que lointain sur l’atteinte de la neutralité carbone ou à l’alignement avec l’Accord de Paris ne suffira pas face à l’addiction de la finance aux pétrole et gaz. Prêcher la bonne parole une fois par an non plus. La sortie des énergies fossiles doit être une obligation, et non plus une option. Nous appelons le gouvernement à garantir dans la loi la fin de tout soutien financier des banques, assureurs et investisseurs publics comme privés , à l’expansion pétrolière et gazières ».

Les Amis de la Terre France et Reclaim Finance ont publié un dossier de presse dédié à ce sujet en amont du Climate Finance Day et de la COP26. Ils diffuseront aussi un communiqué de presse de décryptage des annonces du Climate Finance Day demain.