Semunying, Borneo, Indonesia. Photograph by Kemal Jufri
Semunying, Borneo, Indonesia. Photograph by Kemal Jufri
Forêt
30 octobre 2017

Stop à l’huile de palme dans nos carburants

Savez-vous qu’en faisant le plein de gazole, vous faites très probablement le plein d’huile de palme ? Les Amis de la Terre France et Rainforest Foundation Norvège lancent aujourd’hui une campagne pour demander à Nicolas Hulot de tenir son engagement : mettre un terme à l'utilisation d'huile de palme dans les carburants.

Cacophonie gouvernementale autour de l’huile de palme

Adoptée en 2009, la directive européenne pour la promotion des énergies renouvelable fixe les objectifs et les modalités d’incorporation des “biocarburants” pour les Etats membres. Le processus de révision de cette directive vient de s’ouvrir et va s’accélérer dans les prochains mois. Le 23 octobre, la Commission environnement du Parlement Européen a voté pour demander la fin de l’utilisation de biocarburants issus de cultures alimentaires en 2030, et dès 2021 pour l’huile de palme. Le 27 octobre, la France a envoyé une contribution demandant au contraire de maintenir un objectif d’incorporation élevé.

Sylvain Angerand, porte parole Forêts - les Amis de la Terre France

Nicolas Hulot s’est engagé à fermer la fenêtre qui permet d’utiliser de l’huile de palme dans les carburants mais à Bruxelles, la France demande au contraire à l’Europe d’ouvrir plus grandes ses portes aux biocarburants – sans ne rien dire jusqu’à présent sur l’huile de palme. Il y a une vraie cacophonie gouvernementale sur l’huile de palme et nous demandons une positions claire.

Sylvain Angerand
Chargé de campagne Forêts aux Amis de la Terre France

Pression des lobbies

La position de la France s’explique par la pression des producteurs de colza (Avril) mais aussi par un nouveau venu: Total. Avec son projet de reconversion de la raffinerie de La Mède en bioraffinerie, Total pourrait doubler les importations françaises d’huile de palme en tant que carburant et devenir ainsi le premier importateur français de cette huile comme l’explique Sylvain Angerand: “Nous avons demandé à plusieurs reprises à Nicolas Hulot de bloquer ce projet si Total s’entête à utiliser de l’huile de palme. Pour l’instant, il n’y a pas eu de réponse claire, ce qui permet à Total de poursuivre ses travaux”.

Publication
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Rapport

Stop à l’huile de palme dans nos carburants

Leclerc et Système U déjà contre l’huile de palme

En France, près de 60% de la consommation de carburants passe par le réseau de la grande distribution. Des enseignes qui pour la plupart ont pris des engagements pour exclure l’huile de palme de leurs produits de marque distributeur mais qui continuent d’en proposer à la pompe. Sylvain Angerand explique : « Leclerc et Systèmes U ont déjà pris l’engagement de demander à leur fournisseur d’exclure l’huile de palme de leurs carburants. Carrefour, Auchan, Intermarché et Casino doivent maintenant faire de même ».

Une vague de mobilisation nationale

Une campagne d’interpellation des distributeurs pour obtenir des engagements sur l’huile de palme a été lancée par les Amis de la Terre et ANV-COP21. Cinq actions directes non-violentes dans les stations-services ont déjà eu lieu à Angers, Paris, Nantes, et la mobilisation va se multiplier dans les prochaines semaines. L’objectif : faire front commun pour pousser la France à adopter une position ambitieuse au niveau européen.

Une consommation en plein boom, aux effets dramatiques

Aujourd’hui, chaque français consomme en moyenne 13 kg d’huile de palme par an : l’un des plus hauts niveaux de consommation au monde (loin devant la Chine et les États-Unis). L’utilisation comme carburant représente environ 75% de cette consommation comme le révèle le dossier des Amis de la Terre « Stop à l’huile de palme dans nos carburants ».

La culture du palmier à huile est l’une des principales causes de déforestation en Asie du Sud-Est (notamment en Indonésie et en Malaisie, qui représentent plus de 85% de la production mondiale). Une catastrophe pour la biodiversité, les communautés locales qui dépendent des forêts mais également pour la climat. Plusieurs études ont démontré que l’huile de palme est le pire des « biocarburants » : chaque litre, issu le plus souvent de monocultures, a un impact trois fois plus négatif pour le climat que le gazole fossile.