Marche 9/04/2022 à Lyon
Marche du 9 avril 2022 à Lyon. Crédit : Mélissa Klaus.
5 mai 2022

Un nouveau quinquennat commence, la résistance s’accélère

Emmanuel Macron a remporté l’élection présidentielle. Malgré son soi-disant tournant écologiste affiché à l’entre deux tours, les 5 prochaines années sont la promesse de nouveaux sabotages climatiques et violences sociales. Conscient·es de cela, nous savons qu’il n’est pas question de baisser les bras.

L’URGENCE DE CRÉER UN NOUVEL HORIZON

L’engouement récent pour la question climatique et sociale, lié aux mobilisations citoyennes de ces dernières années, a eu des répercussions dans la sphère politique. En effet, nous avons non seulement contribué à faire de l’écologie une question à laquelle les candidat·es n’ont pas pu se dérober, mais nous avons aussi contribué à la définir comme radicale et populaire, malgré le silence médiatique sur cette question. Si les élections présidentielles ne représentent pas l’essence de notre vision du changement, elles sont néanmoins un repère pour évaluer la progression des idées écologistes et sociales au sein de la société. Ainsi, le résultat de cette élection nous permet de tracer l’horizon de la lutte pour les prochaines semaines et d’aborder les législatives qui seront cruciales.

En tant que contre-pouvoir citoyen, nous sommes nécessairement concerné·es par l’équilibre des forces à l’Assemblée nationale. En effet, notre travail de plaidoyer a pour cible principale les député·es. Les avancées que nous pourrons obtenir dépendront donc de leur sensibilité à nos propositions et de leur capacité à les traduire en amendements et textes de lois et à construire des majorités pour les faire adopter en commission et en plénière.

La majorité écrasante de LREM à l’Assemblée nationale ces cinq dernières années a constitué un vrai frein pour nos luttes, par exemple dans le combat contre l’expansion d’Amazon, contre les soutiens de l’Etat et des banques aux énergies fossiles, et plus globalement contre l’impunité des multinationales. Les 316 sièges pour LREM, sous la coupe du gouvernement, ont formé une majorité qui, malgré quelques actes ponctuels de désobéissance à la position dictée par le gouvernement, a fait l’effet d’un rouleau compresseur, rendant toute tentative de débat et la plupart des efforts de plaidoyer totalement vains.

La mobilisation dans les urnes peut et doit empêcher cela de se reproduire. Non seulement pour le mouvement climat, mais aussi pour l’équilibre du débat démocratique.

Cette mobilisation dans les urnes doit s’accompagner de mobilisations dans la rue. En cela, le 1er mai a été un moment crucial. Si ce n’est pas la première fois que les Amis de la Terre se sont joints aux cortèges syndicaux, c’est bien la première fois que les différentes organisations du mouvement climat se sont unies en un vaste et unique cortège dédié à la justice climatique. Cette mobilisation dans la rue est un signal important, d’une part pour les travailleur·ses avec lesquels nous avons noué des liens de plus en plus forts, et d’autre part pour la nouvelle présidence, à qui nous opposons la vision d’une écologie populaire, aux antipodes des intérêts des lobbies et des multinationales.

2022 – 2027 : LES SOLUTIONS CONCRÈTES À METTRE EN PLACE

En restant mobilisé·es ces prochaines semaines, nous pouvons faire en sorte que nos propositions soient au centre du débat démocratique lors des prochaines élections législatives et que les enjeux écologiques et sociaux soient dignement représentés à l’Assemblée nationale.

L’écologie est tout à fait en capacité de répondre aux enjeux sociaux. Les solutions existent, tout est une question de volonté politique.

Voici les principales mesures structurantes qui nous paraissent essentielles pour changer nos vies maintenant, construire un avenir soutenable et faire payer les responsables :

Objectif 100% de logements verts et dignes en 2030

Aujourd’hui, le secteur du bâtiment représente 40% de la consommation d’énergie française. La mauvaise isolation des bâtiments (passoires thermiques) cause de graves maladies et fait exploser les factures énergétiques de millions de Français·es. En rénovant 700 000 logements par une politique volontariste, l’Etat pourrait sortir 12 millions de personnes de la précarité énergétique et réduire drastiquement notre dépendance aux énergies fossiles.

Créer 2 millions d’emplois verts

Pour favoriser la relocalisation de l’économie grâce à la transition écologique, nous proposons la création de 2 millions d’emplois verts. Ces emplois, créés dans des secteurs de la transition écologique (agriculture bio, permaculture, économie circulaire, énergies renouvelables), seraient financés par l’argent de l’assurance chômage sur le modèle des Territoires zéro chômeurs longue durée, dont l’expérimentation doit se généraliser.

Taxer les revenus du capital et adopter, au niveau international, des normes contraignant les multinationales à respecter les droits humains, l’environnement et le climat

Les quatre plus gros pollueurs du CAC 40 sont des banques et Total : 4 multinationales qui, à elles seules, génèrent une empreinte carbone 4 fois supérieure à celle du territoire français (hors émissions de gaz à effet de serre liées aux produits importés). Conscient·es de cela, nous affirmons qu’il est primordial d’encadrer les activités des multinationales en matière de responsabilité climatique. Cela passera par exemple par la mise en place de systèmes de quotas (socialement justes) des niveaux de production et de consommation. L’instauration de taxes progressives sur le carbone, en fonction du revenu de l’entreprise, serait également une solution.

Les multinationales doivent également être davantage contraintes en matière de respect des droits humains. Après l’adoption de la loi française sur le devoir de vigilance, la France doit s’engager activement et de toute urgence pour l’adoption de normes ambitieuses et efficaces, aux niveaux européen et onusien.

Repenser radicalement notre modèle agricole, pour préserver l’emploi paysan et garantir notre souveraineté alimentaire

Pour lutter contre le phénomène de concentration des terres par quelques-uns, nous défendons la nécessité d’une loi plafonnant les surfaces pouvant être détenues par une seule et même personne.

Par ailleurs, aujourd’hui, seules 7% des surfaces agricoles sont en bio, alors qu’elles devraient représenter 32% en 2030 pour tenir l’objectif de réduire nos émissions de 40%. Ainsi, il est également impératif d’organiser une sortie progressive de l’élevage industriel, fort consommateur d’engrais et responsable d’importantes émissions de méthane, un gaz au pouvoir réchauffant 82 fois supérieur au CO2 sur 20 ans. Le renforcement du soutien à l’agriculture bio et l’encouragement à la culture des légumineuses doivent être accompagnés d’une taxation sur les engrais de synthèse, afin d’en réduire la demande. Les fonds récoltés par cette taxe serviront à accompagner les agriculteur·ices dans le changement de leurs pratiques, pour une transition socialement juste vers un modèle agroécologique et respectueux des écosystèmes.

Pour une alimentation saine et accessible à toutes et tous, ces transformations doivent être accompagnées d’une Sécurité sociale alimentaire. Cette “carte vitale de l’alimentation” donnera accès à des produits bio pour un montant de 150€/mois et par personne.

Revendiquer et pratiquer la sobriété

Les nouvelles technologies “vertes” et le nucléaire, présentés par le gouvernement comme des eldorados face au défi climatique, ne sont rien de moins qu’une illusion. Qu’il s’agisse de la CSS (capture et stockage de carbone), de l’avion “vert” ou de l’hydrogène, ces technologies sont très coûteuses et supposent des temps de développement beaucoup trop longs pour prétendre être des réponses crédibles face à la nécessité vitale de réduire de 55% nos émissions territoriales et de 27% nos émissions importées d’ici 2030. Par ailleurs, ces fausses solutions sont une façon de détourner notre attention de la nécessité de repenser en profondeur nos modes de consommation et de production. Il est indispensable de nous libérer de l’imaginaire de la croissance et d’accepter de réduire drastiquement nos niveaux de consommation, pour que les liens prennent le pas sur les biens.