Engrais chimiques : merci et au revoir !
Très polluants, insoutenables pour les agriculteur·ices, pour notre santé et pour notre souveraineté alimentaire, les engrais chimiques ont fait leur temps. Les Amis de la Terre luttent contre le lobby de l’agrochimie qui prospère sur la dépendance à ces produits, et soutiennent les modèles de fertilisation écologiques et accessibles.
Contexte
L’industrialisation de l’agriculture qui s’est développée après-guerre est caractérisée par des grands piliers qui, s’ils ont pu apparaître libérateurs de prime abord, nuisent au monde paysan et à l’environnement. Pesticides, engrais chimiques, semences et technologies aliénantes sont autant d’éléments-clés d’une révolution agricole dont le seul but est de produire toujours plus, quitte à écraser les paysan·nes et à détruire la biodiversité et le climat. Parmi les produits les plus nocifs se distinguent les engrais chimiques, dont la France est le premier consommateur d’Europe. Les engrais servent à fertiliser les cultures, en apportant les précieux nutriments azote, phosphore, potasse, mais leur version chimique est extrêmement néfaste.
Problèmes
Solutions
Plusieurs scénarios agronomiques montrent que les engrais chimiques ne sont pas nécessaires pour nourrir les populations. Mais seuls des changements systémiques permettront d’y parvenir.
La clef est dans la diversité
Polyculture-élevage, agroécologie, agriculture bio… Autant de pratiques agricoles qui peuvent recouvrir des réalités différentes mais qui ont en commun la volonté de maximiser la fertilité des sols en entretenant sa matière organique. Ces modèles améliorent la circularité des nutriments qui permet d’apporter naturellement aux plantes ce dont elles ont besoin. Le lisier des animaux, les rotations de cultures avec plantation de légumineuses et l’usage de compost par exemple sont fondamentaux pour la fertilité des sols.
Fabuleuses légumineuses
Pois chiches, soja, lentilles, luzerne, etc. Les légumineuses sont les seules plantes cultivées capables de capter l’azote de l’air et d’en restituer au sol, elles sont donc de formidables engrais verts. Elles permettent en plus de produire des protéines pour l’alimentation des animaux d’élevage – plutôt que de les importer d’Amérique latine – animaux qui eux-mêmes pourront à leur tour contribuer à amender les sols via leurs déjections.
Réinventer nos assiettes
Produire sans engrais chimique modifie le panier de production, donc nécessairement les régimes alimentaires. Produire sans engrais chimiques signifie produire plus de légumineuses et donc en manger davantage. Comme 80% des engrais chimiques servent à fabriquer de l’alimentation pour l’élevage majoritairement industriel, cela signifie aussi qu’il y aura nécessairement moins de viande abondante et bon marché sur nos étals, et qu’il faudra donc en manger moins mais de meilleure qualité. Ça tombe bien, cela correspond aux préconisations pour un régime alimentaire sain !
Notre urine pour fertiliser demain
Environ ⅓ de nos besoins en fertilisants sont déjà là puisque nous produisons toutes et tous des engrais organiques plusieurs fois par jour via notre urine. Le pipi, riche en azote et en phosphore, est un engrais renouvelable, made in France, écologique et non délocalisable. Il est urgent d’arrêter de jeter cette précieuse ressource dans nos toilettes et de l’utiliser plutôt pour fertiliser le blé de nos baguettes !
Demandes
Fixer un objectif de réduction des engrais assorti de mesures pour y parvenir
Il est nécessaire que le gouvernement fixe un objectif chiffré de réduction de la consommation d'engrais azotés de synthèse, notamment en visant une réduction de 30% entre 2018 et 2030 à l'échelle française, et en l'inscrivant dans la prochaine Stratégie Nationale Bas Carbone. Mais fixer un objectif ne suffit pas. Les responsables politiques doivent établir un plan d’action clair pour y parvenir. Ce plan d’action doit prioriser le développement de l’agriculture biologique, le soutien aux pratiques agroécologiques et au développement de la filière légumineuses en France, le tout couplé avec une politique alimentaire cohérente.
Créer la “Contribution engrais” pour faire financer par les pollueurs l’apport d’engrais organiques aux agriculteur·ices
Les Amis de la Terre demandent une meilleure prise en compte, dans notre fiscalité, des pollutions engendrées par le recours aux engrais chimiques de synthèse : pollution de l’air, pollution de l’eau et contribution considérable à la crise climatique. Pour cela, la contribution engrais doit être instaurée afin que les bénéfices des producteurs d'engrais chimiques permettent de financer l'apport d'engrais organiques aux agriculteur·ices. Les recettes de cette contribution doivent notamment financer le recyclage des excrétats humains : si l'on pouvait réutiliser l'urine de tous les Français·es, on pourrait couvrir environ 35% de nos besoins en engrais !
Refondre la Politique Agricole Commune
Cette refonte doit permettre une réelle transformation de notre système agricole et alimentaire vers une agroécologie paysanne. Nous soutenons des mesures fortes en faveur du redéploiement des cultures de légumineuses et de la généralisation de l'agriculture biologique pour retrouver un cycle naturel de l’azote.